Quand Gilbert Aubry se mêle de ce qui le regarde aussi

27 novembre 2007

Les prix de ce qui nous est quotidiennement nécessaire pour vivre ont grimpé ces derniers temps. Ils grimpaient encore ces derniers jours. Cette double affirmation n’est ni une invention de journalistes, ni propos classiques de “consommateurs râleurs”. Cela se vérifie. S’il vous arrive d’aller au Libre-Service ou à la Grande Surface, si vous ne le ressentez pas encore dans les rayons, vous le sentez parfaitement quand, à la caisse, vous regardez ce qu’il y a dans votre chariot et entendez ce qu’il vous faut payer.
Marc Bernard, dans le “Quotidien” de ce lundi, limite son coup de projecteur sur 6 produits pour lesquels de “grosses hausses” sont (encore) annoncées. Il s’agit de la viande de bœuf (de 5 à 15 %), de porc (10 %), de volaille (7 à 8 %), de cabri (10 à 20%), des œufs (18 à 22 %) et du lait (2%).
Vendredi soir, à l’assemblée générale de l’URCOOPA, Ary Mondon, le Président du Conseil d’Administration, annonçait l’impossibilité pour l’Union Coopérative de ne pas augmenter le prix des aliments pour bétail.
Comme pour contenir une inquiétude palpable et empêcher qu’elle vire au défaitisme, le Conseiller Général du Tampon répétera plusieurs fois qu’il est « lui aussi éleveur » et qu’il n’y a pas d’autres solutions devant la flambée des cours mondiaux : le blé n’a-t-il pas vu son prix tripler en moins de deux ans ?...
Des producteurs locaux, devant l’augmentation de leurs prix de revient, viennent d’adresser aux Maires de Communes de l’île une supplique visant à une révision de leurs marchés de fournitures de denrées pour la restauration scolaire. On voit certaines de ces demandes de révision atteindre les 60 % !
Bien entendu, il est impossible - voire impensable - que les budgets communaux absorbent automatiquement de telles demandes, même si des dispositions du Cahier des Clauses Administratives Particulières (CCAP) admettent que, dans certaines circonstances, on peut toujours réviser des prix. Aujourd’hui, l’impact prévisible sur le coût des repas servis aux écoliers est de l’ordre de 9%. A ce rythme, bien des budgets seraient difficiles à équilibrer.
Mais il n’est simple de reprocher à nos producteurs leur demande... La situation est critique car tout s’enchaîne, depuis la fabrication jusqu’à la vente. Avec, en bout de circuit, des consommateurs qui subissent - pour reprendre le mot de Monseigneur Gilbert Aubry - tels « des moutons de Panurge »...
L’évêque de La Réunion qui, l’autre semaine, s’est mêlé de ce qui regarde le citoyen qu’il est en parlant des Accords de Partenariat Économique, n’a pas manqué ce dimanche de s’écrier à St Paul : « On manque de conscience, on mange, on boit, on danse, on fait la fête. Et après ? ». On ne pourra pas lui reprocher de se mêler là aussi de ce qui le regarde : notre inconscience coupable alors que grondent les effets prévisibles d’une mondialisation qui va broyer les plus faibles. Que faire pour que ces derniers soient plus forts dans leur conscience ?

R. Lauret


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