Quand la consigne passe mal

9 août 2006

Que Christiane Taubira (du PRG), Georges Sarre (du MRC), Alain Krivine (de la LCR), voire Roland Castro, Nicolas Hulot ou José Bové tempêtent contre la consigne donnée par François Hollande aux élus socialistes "de ne pas apporter de parrainage à d’autres candidats que celui de (leur) parti", voilà qui n’est pas surprenant. Sûrs de représenter des courants populaires qui ont besoin, pour exister, de compter leurs voix au premier tour de la présidentielle, ils ont beau jeu de se dire que la cohérence que met en avant le PS français pour éviter la dispersion serait plus crédible pour tendre vers une unité dès ce premier tour si elle reposait sur "un bon accord sur le fond et en termes législatifs plutôt que sur des mesures d’abord défensives."
Ce à quoi Jack Lang répond, un peu comme s’il savait qu’il ne sera pas entendu, que "l’élection présidentielle n’est pas un grand bazar ou un grand barnum où chacun vient débattre et où on est indifférent à la situation du second tour...". Circulez donc puisqu’il n’y a rien à voir ! Avez-vous oublié ce qui se passa en 2002 ?
Du temps de Tonton Mitterrand, les choses ne se présentaient pas de la même manière. C’est bien le moins qu’on puisse dire !
Et ce n’est pas à une dizaine de mois à peine de ces élections que l’on dit, avec raison, capitales, que les choses vont s’arranger.
D’autant que le propos de Jack Lang est évidemment loin de faire l’unanimité. "Une consigne qui passe mal", titrait le “Quotidien” d’hier qui ajoutait qu’elle "est rejetée par plusieurs élus de gauche". Ce qui, somme toute, découle de la logique la plus élémentaire.
Personne ne l’a encore dit, mais nombreux sont ceux qui s’interrogent : ne serait-il pas mal foutu, ce système électoral français ? Mal foutu et franchement ridicule !
Dans un pays où il y a 42.000 parrains potentiels à travers ses 36.000 maires, ses élus départementaux et régionaux, ses députés et ses sénateurs, on est bien parti pour pouvoir avoir dix ou quinze candidats à toute élection présidentielle. Rien ne s’y oppose. On trouvera des maires de petites communes pour afficher leur “anti-parisianisme” et oser la carte de la France profonde, celle de sa ruralité, de son terroir. On trouvera des élus pour tonner qu’il n’est pas normal qu’un parti qui se dit grand et qui parle de rassembler sous sa bannière dès le premier tour affiche publiquement les différences qui opposent entre eux ses propres leaders.
On trouvera beaucoup de Françaises et de Français, pour dire que, par exemple, le petit Besancenot a tout autant que les grands des grands partis le droit lui aussi d’être candidat et, pourquoi pas, celui de faire un résultat. On trouvera nombre de citoyens pour réclamer que l’on change des hommes dont les partis, de droite ou de gauche, depuis des décennies, n’ont pas beaucoup changé le fond des choses.
En un mot, il se trouvera des électeurs et des électrices pour considérer que si ce sont toujours les mêmes qui peuvent être candidats, autant attendre la révolution et rester chez soi. C’est pourquoi, la consigne qui ne manque pourtant pas de logique, passe si mal.

R. Lauret


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