Quand la rupture vous fait mal…

28 novembre 2011

Vous saviez qu’il y avait quelques problèmes. Qu’il y avait de gros problèmes. C’était tellement évident. Car vous lisez la presse et n’êtes pas indifférent à ses insinuations qui sont des affirmations qui vous interpellent. Vous écoutez la rumeur qui cause, qui s’étonne, qui regrette, qui accuse. Et vous entendez… Mais les portes de cet espoir qui vous a toujours collé à la peau étaient toujours entrouvertes. Vous pensiez que le souci de chacun à trouver dans son engagement personnel la présence de nombreux autres resteraient inébranlable. Vous croyiez également que chacun s’efforcerait de se joindre aux pas de ces autres pour tracer la même route. Car vous avez appris, tout au long d’un engagement militant qui ne date pas d’hier, que lorsqu’on est dans la même famille politique, il y a un réflexe qui prévaut au terme des nécessaires discussions, fussent-elles longues : celui de donner, sans demander ni reprendre. Parce qu’il y a une route qui nous attend, la route que nous ont montrée nos aînés et pour laquelle ils ont parfois payé un lourd tribu. Oui, vous saviez qu’il y avait et qu’il y aurait au final la décision d’aller au charbon ensemble, pour gagner ensemble. Ou pour perdre ensemble. C’est-à-dire pour construire ensemble ce qui demande du temps, ce qui demande des sacrifices, ce qui demande de l’engagement. Comme vous l’avez appris dans les réunions du Parti quand vous étiez dans ses instances dirigeantes.
Et même si vous n’y êtes plus, ce fut le coup de massue. La rupture, étalée et voulue, comme s’il était devenu inévitable qu’elle le soit : voulue et étalée. La rupture publique donc, la rupture qui fait mal, qui vous fait mal, qui fait peut-être du mal. Vous essayez de vous consoler en pensant qu’il pourrait s’agir de la nécessité de rompre pour repartir. Et que c’est peut-être ce qui pourrait se passer.
Mais le coup est dur. Car vous ne pouvez pas faire comme si vous ignorez que le mal, depuis quelque temps déjà, était en embuscade. Depuis le temps que des militants qui ont accédé à des fonctions électives se sont retrouvés confrontés à un gros problème : ces indemnités qui tombent tous les mois, ces indemnités qui les livrent aux contraintes de la société de consommation. Ces indemnités qui tombent en plus de leur salaire et que leur parti, le Parti Communiste Réunionnais , leur demandait de reverser à une caisse commune, ce qui permettait de donner un salaire à des permanents disponibles pour les combats nécessaires et souvent tout aussi durs.
De nombreux camarades ont sacrifié une « carrière » professionnelle qui aurait été confortablement rémunérée et ont choisi de se consacrer à la tâche militante. Je n’en fus pas. En tout cas pas autant qu’un Bruny Payet , qui avait le diplôme d’ingénieur de l’École Supérieure d’Électricité de Paris en poche lorsqu’il rentra au pays au début des années 1950. Bruny ne m’en voudra pas si, en le nommant, je ne cite qu’un seul de ces hommes qui ont forgé l’admiration et l’engagement de certains jeunes.
Voilà, j’ai dit. Je n’ai pas à en dire plus. Puisque je n’en suis plus. Mais je le répète, cela fait mal…
Le vélo à l’honneur…
Mais, Dieu merci, une nouvelle qui fait du bien nous est parvenue samedi. C’est le “JIR” qui nous apprend qu’à Bras-Panon, la Municipalité devrait réaliser, dans la « ZAC Carreau Jardin » , le premier quartier sans voitures de notre île. Voies piétonnes et voies cyclables vont remplacer les traditionnelles rues livrées à la circulation automobile que connaissent nos zones urbaines. En réalité, il y aura pour les résidents la possibilité de rentrer et de sortir leurs voitures. C’est bien la moindre des choses. Mais la chose sera moindre. Elle se limitera à ce strict obligé. La nouvelle donne, ce sera la priorité absolue offerte au mode doux. Il fallait le faire. Il fallait l’oser. Sans hésitation, je dis bravo à Daniel Gonthier, le Maire de la commune.
Supplique à la Région…
Pour finir ce "libres propos", je voudrais oser m’adresser à Mesdames Fabienne Couapel-Sauret et Marie Andrée Faveur-Lacroix, toutes deux conseillères régionales et que la presse a qualifiées de « chevilles ouvrières » de l’opération « Route Libre » qui, l’autre dimanche, a connu sa deuxième édition sur la Route des Tamarins.
Un journaliste a écrit que le débat qui a précédé cette journée était « politisé ». Ce journaliste se trompe. Sans doute est-il de bonne foi. Mais il se trompe.
En mettant sur une même route, que vous avez pourtant au préalable fermée à la circulation automobile, piétons, cyclistes, rollers, fauteuils roulants et autres engins non motorisés, vous ne permettez pas au moins à l’une des catégories visées de s’exprimer. Comment voulez-vous que les cyclistes, qui ont toujours cette envie fort légitime de pousser leurs petites pointes, puissent le faire au milieu d’autres occupants qui peuvent courir dans tous les sens, et à des vitesses bien moindres que la leur ? Cette perspective de « pagaille » qui pourrait être dangereuse ne peut qu’inciter les cyclistes, chevronnés ou pas, à aller chercher ailleurs leur parcelle de bonheur.
Je vous suggère de poursuivre une idée qu’avec le CRPV, nous avions eue à l’époque quand, en 2009, la Route des Tamarins fut offerte à la mi-juin aux cyclistes avant que cette dernière ne soit, quelques jours plus tard, inaugurée et ouverte à ce pourquoi et à ceux pour qui elle avait été réalisée. Nous avions proposé que, tous les dimanches , en relation étroite avec les communes de Saint-Paul, de Trois-Bassins (La Souris chaude), de Saint-Leu, de l’Étang-Salé et de Saint-Louis (Le Gol), l’ancienne Route Nationale soit laissée en priorité à la pratique cyclable. J’ai lu que vous y trouviez beaucoup de contraintes. Je vous assure que ces dernières sont aisément contournables. Nous aurions pu en parler. Mais j’ai démissionné du Comité Réunionnais de Promotion du Vélo puisque j’y siégeais en ma qualité de conseiller régional, fonction que je n’occupe plus depuis Mars 2010. Mais parlez-en avec ceux de la société civile qui y sont. Vous verrez que nous avons tous à y gagner : tout d’abord, les villes concernées, pour une animation dominicale qui se verrait boostée par le passage chez elles de centaines et de centaines de promeneurs à vélo ; ensuite, les populations de ces villes qui pourraient être attirées par le mouvement et être ainsi gagnées par la pratique du vélo ; enfin, d’autres microrégions de l’île qui ne manqueront pas de tirer les enseignements de ce qui se passe dans l’Ouest. La Région pourrait fort bien se rapprocher du Département pour mettre toutes les chances de réussite de leur côté.
Et c’est toute La Réunion qui avancerait vers le concept et la réalité d’île cyclable.

Raymond Lauret


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