Quand vous vous posez la question ...

8 novembre 2007

Ça vous est arrivé : vous avez le moral en berne et le dos en compote. L’impression vous pèse que ça ne va pas et que ce n’est pas encore aujourd’hui - ni même demain soir - que vous irez voir à quoi ressemble la Foire des Mascareignes 2007.

La feuille de papier que vous avez devant vous ne recueille nul mot et encore moins la plus petite phrase. Sarkozy vient-il de jouer au con en prenant de haut les autorités gouvernementales tchadiennes !? Un autre jour, vous auriez bondi, trempé votre stylo dans une encre acidulée, voire vitriolée, et dit ses quatre vérités à notre Chef d’Etat qui se doit de respecter un pays étranger, fut-il africain, parce qu’il est Africain. Aujourd’hui, votre stylo refuse de vous suivre. Ou du moins, vous n’arrivez pas à être à la hauteur de cette plume qui ne vous comprend pas... et compatit à votre incapacité qu’elle espère provisoire.

Vous trouvez que vous avez trop à faire alors que le rédact’ en chef n’en a rien à cirer. Il n’a qu’un souci : il veut votre “papier”. Et vous, vous vous posez la question : à quoi ça sert, ce papier ? A remplir un coin de la page 2 du journal, conformément au plan que le monteur a en main ?

Bref, aujourd’hui, ça ne va pas. Pas du tout... Il paraît que ça se voit.
J’ose un coup d’œil sur un magazine. On y parle du bouquin de Michel Serrault à paraître très bientôt. Tiens ! C’est amusant, « ce Serrault » qui ne verra pas son œuvre écrite sur ses derniers jours et que d’autres se sont chargés d’éditer !
Réflexe d’habitude : je lis... Ça arrive à m’arracher un petit sourire : « J’ai été un petit garçon insupportable. Je tapais, je volais, j’étais insolent. Au Pré-Saint-Gervais où j’habitais, les commerçants fermaient leur boutique en me voyant arriver. J’ai volé des quantités de chewing-gum, de croissants, de camemberts. J’étais franchement désagréable. Maintenant, je vole toujours, mais pas des camemberts... ». Chouette Serrault...

Sur ma table de travail, dans la petite pièce qui me sert de bureau, dans la semi obscurité que j’ai voulue, sans doute par respect pour mon humeur du moment, un petit livre que je dois offrir samedi à ma fille attend d’être emballé. J’ouvre encore une nouvelle fois, et une fois encore je lis : « Un endroit bien à vous, pour vous y sentir à l’abri, un foyer, un nid »... Et puis, quelques pages plus loin : « Un amour qui vous comble, qui rayonne, qui émeut et réjouit ceux qui vous approchent ». Je souris... pour ma fille. Je souris à ma fille.

Posée sur un meuble, en ce mercredi 7 novembre, l’éphéméride du jour : « Mieux vaut forcer l’admiration que susciter l’envie... » et puis celle de ce jeudi 8 : « Il est sage de reconnaître que l’idée d’un autre peut être meilleure que la sienne... ».

J’ai eu alors l’immense envie d’être sage pour autant que dix ...

Raymond Lauret


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Messages

  • Bonjour à vous,

    "Reste qu’une question vaut la peine qu’on se la pose : “le client” n’achète-t-il pas ce qui est le plus facile, le plus immédiat, le plus spectaculaire et le plus sanguinaire, plutôt que ce qui va au fond des choses ?"

    Etait ce là, la question que vous vous posiez ? Bien sûr, je ne le sais pas, mais j’imagine qu’elle pouvait être celle-là. Ou du moins, du même ordre idée. Peut être.

    C’est l’Ecclésiaste, qui nous disait déjà, il y a fort longtemps :"vanité des vanités, tout est vanité". En effet, tout sur cette terre n’a l’importance qu’on veut bien lui préter, ainsi, il serait possible de dire, que tout est inutile, mesuré à l’aune de nos prétentions. Et pourtant, combien nos vaines agitations sont bien nécessaires : étrange paradoxe, et cependant bien triste réalité, que de savoir que nos actions, aussi misérables soient elles, ont le devoir d’exister. Le poids de cette double contrainte contradictoire pése lourdement lorsqu’elle nous saisit : Choisir entre responsabilité engagée et renoncement apaisée, n’est guère chose aisée, et souvent, faux prétextes ne manquent pas pour nous exhorter, pas plus d’ailleurs, que les réelles obligations, sans que l’on sache vraiment, qui des unes ou des autres, finalement, nous entrainent toujours vers l’avant...

    Hier, votre papier avez pour titre, "De quoi je me mêle ?", et je me suis retenu d’y répondre, non pas que l’envie m’en a manqué, loin de là, puisque je le fais, en quelque sorte aujourd’hui, et votre en-tête du jour, qui plus est, me l’autorise : Pourquoi ? Parce qu’il me semble déplacé d’occuper plus que de raison, des espaces dédiés à tous : deux, voire trois interventions m’apparaissent déjà comme étant largement et suffisamment convenables (surtout lorsqu’elles sont bavardes), à tort peut être (Combien nos préventions peuvent être stupides parfois n’est ce pas ?). Mais ce jour est un jour différent, et il est ainsi, fort heureusement, chaque matin. Une journée avec, une autre sans, et il en sera ainsi, jusqu’à ce qu’il n’y ait plus de nouveau matin, comme tout un chacun : Un stylo perplexe la veille, et le même, plein de vivacité le lendemain.

    C’est important d’écrire, je crois : l’encre qui s’épanche, est semblable à ce sang qui bondit dans nos veines, fulgurant comme en fureur, dans les artères, aspiré par de larges conduits inspirant les humeurs, ou paisible et serein, s’écoulant dans les vaisseaux de nos mains, reposé et assagi d’un trop-plein de vigueur, préférant la lenteur de doucereux chemins.

    Se poser la question du pourquoi (ou du quoi), après s’être posé celle du droit de le faire, permet de re-situer son positionnement par rapport à l’écrit, et sur ce point, permettez que je vous livre ma réflexion, très étroitement lièe à une de mes lectures du moment : un livre de Guy Birenbaum, intitulé "nos délits d’initiés - mes soupçons de citoyen" (éd. stock, 2003).

    Je ne partage pas toutes les assertions qui y sont développées, notamment sur la séparation "vie privée-vie publique", mais ce n’est pas le sujet : l’idée principalement développée est que précisément les journalistes ont des devoirs de responsabilités, qui ne sont pas (généralement mais pas toujours) respectés, et dont les manquements s’avérent même être gravement nuisibles, et pour notre démocratie, et pour l’exercice citoyen du débat des idées. Le consensus ambiant, tournant autour de codes tacites, d’un savoir-dire, ne produit qu’un salmigondis de demi-vérités, ou de demi-mensonges, selon le sens où l’on se place, et il n’est plus possible, pour l’homme de la rue, de distinguer, au travers de ce qui est préalablement distillé, ce qui est du ressort de la communication des idées, ou du versant de l’information des faits, le mixage ne s’effectuant d’ailleurs pas toujours avec la meilleure des dextérités...au point de ne plus savoir si des informations nous sont communiquées, ou s’il s’agit de communiqués dont on nous informe... Mais il y a plus angoissant, comme si cela ne suffisait pas : Quid de la réflexion ? Du recul indispensable aux analyses ? De la pertinence des interrogations ? En cela, nous ne pouvons que rejoindre les préoccupations des journalistes réunis sur le parvis de champ-fleuri... Car, ainsi que vous le soulignez, la profession posséde de beaux esprits et de belles plumes, mais ont elles le moyen de véritablement s’exercer ? Reconnaissons que parfois nous pouvons en douter, puisqu’il est vrai que l’urgence prime souvent sur la qualité à délivrer, et la forme sur le fonds, dans nos sociétés matérialistes, beaucoup plus attachées aux apparences, qu’à la profondeur des choses : Tout ceci est terriblement dommage, je crois.

    De plus, et c’est incontestable, nul désir de blesser en le disant, il existe des partis-pris, extrèmement préjudiciables, répercutés à l’échelon de tout auditoire, qui ne dispose pas vraiment des moyens requis, pour en retirer la substantifique moelle, et nous en subissons tous les conséquences, inévitablement, dans les comportements collectifs, ou individuels, qui s’ensuivent : Et pas seulement dans le domaine politique pur, mais également et surtout, dans nos environnements sociaux. D’aprés Birenbaum, les journalistes manqueraient cruellement de courage, en se conformant aux usages qui régissent le monde des médias, et c’est du reste, cette constatation, ou plutôt celle de ses implications néfastes, qui a, provoqué sa colère, et entrainé la rédaction de son livre, trés instructif, à plus d’un titre...

    Lorsque vous dites, "De quoi je me mêle ?", j’ai envie de vous dire : de ce qui nous regarde, nous, les citoyens, puisque la majeure partie de l’élite des intellectuels, pensent faire l’opinion, en la bridant, par conservatisme stérilisant, alors, reprenons en main, la première de nos libertés, celle de la parole, et au diable les interjections des uns et des autres, puisqu’ils nous maintiennent dans l’obscurité, bien malgré eux certainement, avec de bonnes intentions (de celles dont sont pavés les enfers), il ne nous reste donc plus qu’à allumer les feux de la contradiction, d’attiser les flammes de nos oppositions, afin que nos propos éveillent de la surprise ou de l’indignation, et peut être enfin, réveillent l’éclat des consciences : personne ne le fera à notre place, et encore moins l’élite des bien-pensants, bien plus préoccupés par la préservation d’un statu-quo, dont les rémunérations sont acquises, au détriment du risque à prendre pour enclencher les évolutions profondes et indispensables de nos sociétés.

    En espèrant n’avoir choqué personne (quoique),

    Et surtout souhaitant pour nous tous une réelle remise en question,

    Bien à vous.

    • Complément que j’apporte concernant mon propos : Le lien relatif au texte de la veille, intitulé "De quoi je me mêle ?".

      Duquel est extraite la question préliminaire : "Reste qu’une question vaut la peine qu’on se la pose : “le client” n’achète-t-il pas ce qui est le plus facile, le plus immédiat, le plus spectaculaire et le plus sanguinaire, plutôt que ce qui va au fond des choses ?"

      http://www.temoignages.re/article.php3?id_article=25899

      Il m’apparait, après re-lecture, que cette information était manquante : L’oubli est réparé.

      Salaam

      Voir en ligne : "De quoi je me mêle ?"


Témoignages - 80e année


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