Que Nassimah ne l’oublie pas : perdre n’est en rien déshonorant...

12 juin 2007

J’ai beau faire partie de celles et de ceux qui, dimanche, ont donné à Huguette Bello 70,75% des suffrages au Port et 5686 voix d’avance dans toute la deuxième circonscription - ce qui la place en position idéale pour l’emporter dans quelques jours -, j’ai beau avoir présidé un bureau de vote au soir duquel, Julie (8 ans) Tommy et Ludovic (11 ans) et Yann (13 ans), dans l’innocence de leur jeune âge et le souci d’être demain des citoyens exemplaires, ont ouvert les enveloppes et comptabilisé les bulletins sans la moindre fausse note, je n’ai pu m’empêcher d’avoir hier matin une amicale pensée pour Nassimah.
Je voyais son énorme déception de n’avoir pas réussi dans ce qu’elle avait imaginé : l’honneur et la responsabilité d’être présente pour le deuxième tour de ces foutues législatives.
C’est qu’elle en a pris des coups - des coups bas, certains tout simplement odieux car donnant dans l’obscène - durant toute la campagne, jusqu’à voir certaines de ses affiches salopées par les dégueulasseries les plus lâches ou encore cette émission de télé où son excessive candeur a été utilisée pour donner d’elle l’image d’une candidate bien légère !
Elle en a pris des coups, elle qui s’était déclarée à la candidature depuis fort longtemps, elle qui s’est crue - à tort ? - encouragée à y aller par les plus hautes personnalités parisiennes - la plus haute, tout simplement - de son mouvement, elle qui s’est donnée totalement dans ses fonctions de Présidente du Conseil Général, comme pour que l’on sache qu’elle est bien capable autant que tout autre, elle à qui Nicolas Sarkozy a même confié une tâche sur le plan national, elle qui n’a jamais bien compris pourquoi ceux-là même qui l’avaient placée il y a trois ans à La Réunion à un poste important et bien essentiel, veulent aujourd’hui la virer du Conseil Général alors que personne n’ose lui dire en face qu’elle a démérité !
Dimanche soir, au fur et à mesure que son (honorable) défaite se confirmait, il se dégageait de l’authentique dans sa rencontre vraie avec le dernier carré des fidèles - surtout des femmes - qu’elle avait su rassembler : les larmes qui mouillaient certains visages en disaient bien plus que toute parole sur l’espoir qui soudain s’écroulait. Avec elle, un courant était né...
Un peu comme au bout d’un long pèlerinage on découvre autre chose en se découvrant soi-même, Nassimah peut-elle retrouver l’envie de coller à son prénom le nom que lui ont donné ses parents le jour de sa naissance et d’entamer ainsi le chemin qui mène à sa rupture d’avec un passé qui ne peut pas l’avoir totalement comblée ?
Pour l’heure, je le sais, elle doit affronter le second tour, celui qui ne la concerne plus et qui oppose les deux seuls qui l’ont devancée. Je lui souhaite de savoir, dans une discrétion mesurée, aller là où ses convictions profondes le lui demandent... Je lui souhaite de pouvoir ne pas jouer à la déçue révoltée ou à l’inconsciente résignée.
Être elle-même dans la défaite : ce sera sa plus belle victoire sur tous ceux qui ont voulu la descendre... Et qu’elle ne l’oublie pas : perdre n’est en rien déshonorant. Avant elle, d’autres ont bâti toute une vie réussie sur d’innombrables et fort belles défaites...

Raymond Lauret


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