Rappelons que...

8 décembre 2005

La Banque Populaire a donc tranché officiellement : après la feu vert du gouvernement, elle a délivré caution au Crédit maritime hier, pour que le financement des six bateaux de pêche commandés par des sociétés ou particuliers réunionnais soit autorisé.
Cette décision - un soulagement pour Luçay Julie qui s’est énormément investie sur ce dossier depuis plus de deux ans - pourrait marquer le début d’une ère nouvelle pour la pêche réunionnaise. Une pêche dont nous sommes quelques-uns - et même parmi ceux qui, pour diverses raisons, sont en position de rupture par rapport à l’actuel Comité des Pêches de La Réunion - à espérer qu’elle va pouvoir compter dans la balance de l’économie de notre île.
Rappelons :
1) que sur les quelque 19 kilos de poisson que chaque Réunionnais consomme en moyenne par an, seulement 750 grammes proviennent de la pêche réunionnaise...
2) que des pays comme Madagascar et les Comores, nos voisins, connaissent une situation économique des plus difficiles. Leurs populations vivent en dessous du seuil de la pauvreté. Ceci est intolérable, parce que
3) 97% des tonnages pêchés dans les eaux de l’océan Indien, au large des Comores et de Madagascar notamment, le sont par des armements asiatiques. Lesquels laissent, comme prix des licences qui leur sont consenties, quelques petites centaines de milliers d’euros dans les caisses des États souverains. C’est là un scandale et une honte, et cela se passe à nos portes où s’accumulent toutes les misères du monde.
4) que les 97% en question sont les quantités officiellement enregistrées. Il est en réalité, et en toute illégalité, pêché bien plus. Quatre à cinq fois plus, estime-t-on.
Dès lors, la proposition que le Président de la Région avait faite à Hervé Gaymard il y a un an, quelques mois après son auto-déchéance, de voir la France soutenir, au niveau de la Commission de l’océan Indien (C.O.I.), une grande politique de pêche qui viserait le co-développement de nos pays, ne pouvait pas ne pas être reprise par Dominique Bussereau, le nouveau ministre de la Pêche.
D’où, on le devine sans mal, le déblocage de la situation par la Banque Populaire à partir de l’avis déterminant du directeur de son agence locale, la Bred.
Les doutes émis sur la qualité des bateaux fabriqués dans des chantiers navals chinois ont été levés. Le prix de ces bateaux devient donc un élément de premier ordre. De plus en plus d’industriels européens délocalisent en Chine pour, d’une part, bénéficier notamment du coût attractif de la main d’œuvre chinoise et, d’autre part, se retrouver au cœur même d’un marché de 1,3 milliard d’habitants et dont le pouvoir d’achat, même si cela ne touche qu’une minorité, augmente de manière spectaculaire. À cause de cela donc, le prix de revient de ce qui est délocalisé bouscule les habitudes.
Je discutais mardi soir avec quelques responsables de la Confédération maritime de France.
J’ai retiré de notre longue conversation que la crédibilité, vérifiée par des bureaux de contrôles européens, des bateaux fabriqués en Chine va, inévitablement et comme cela se passe déjà dans de nombreux autres domaines de la production, changer totalement la donne. De plus en plus, la technologie européenne va se délocaliser pour mieux affronter la guerre économique qui se mondialise.
D’où l’inquiétude parfaitement compréhensible de ceux qui, à Saint-Nazaire ou à la Seyne-Sur-Mer, craignent pour leur avenir de constructeurs de bateaux.
Qu’y pouvons-nous, nous qui, devant une chemise à acheter, regardons en premier sa qualité et son prix, rarement, sinon jamais, où elle est fabriquée ?

R. Lauret


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