Ressource pélagique : de la nécessité d’un appel international, principe de précaution oblige...

14 février 2005

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La S.W.I.O.F.P. (South west indian ocean fischeries project) a été créée en 2003 à la demande de 9 États riverains de notre océan : le Kenya, la Tanzanie, le Mozambique, l’Afrique du Sud, Madagascar, l’Ile Maurice, les Seychelles, les Comores et la France.
Son objectif est clairement affiché : établir un plan à moyen et long terme visant à une gestion raisonnée de la ressource marine dans le Sud-Ouest de l’océan Indien. Autrement dit, rendre lisible et faisable un programme multinational qui brasserait la recherche, la surveillance, le contrôle des pêches, l’établissement d’un TAC (Total admissible de capture) qui serait imposable à tiers, le développement de toutes les activités économiques qui émanent de la pêche, la formation de nos marins pêcheurs... La liste n’est évidemment pas exhaustive.

La semaine dernière, dans une ambiance d’autant plus studieuse qu’il avait été entouré d’une certaine discrétion (sinon d’un secret certain), un séminaire a réuni dans notre île des délégations du Mozambique, des Comores, de Madagascar et de l’Ile Maurice autour des responsables du Comité régional des pêches maritimes et des élevages marins de La Réunion (C.R.P.M.E.M.).
Ceux-ci, avec la direction de l’I.F.R.E.M.E.R., ont exposé les grandes lignes du Dispositif de concentration de poissons (D.C.P.) qui, au large de nos côtes, se révèle particulièrement efficace dans la mesure où il attire dans nos eaux les grands poissons pélagiques (thon, espadon notamment). Ce qui “alimente” en ressources disponibles avec les grands courants migratoires de cette espèce et “soulage” la vie faunique de nos fonds marins côtiers. La petite pêche - ou pêche artisanale - peut dont se développer sans qu’il y ait à craindre les effets toujours désastreux d’une surexploitation de notre capacité propre.

La “réussite” réunionnaise n’est pas dans ce domaine un exemple isolé - donc curieux, pour ne pas dire douteux. L’Ile Maurice et Mayotte ont elles aussi expérimenté - et avec succès - les D.C.P. mouillés au large de leurs côtes, sur les plateaux côtiers, en bordure des tombants, c’est-à-dire à des profondeurs comprises entre 500 et 1.000 mètres, là où des unités de petite taille - celles de notre pêche artisanale donc - peuvent aisément mouiller.
Le séminaire de la semaine dernière ambitionnait une extension à tous les pays de la S.W.I.O.F.P. d’un dispositif D.C.P. dans le but de développer la pêche artisanale sans danger pour la ressource. Et puis, et c’est heureux même si cela ressemble encore pour l’instant à une déclaration de bonne intention, il a été acté qu’il convient que des partenariats bilatéraux soient noués et renforcés pour aboutir à une coopération qui mène au co-développement.

En coulisse, on n’a pas manqué de se dire que, principe de précaution oblige, il sera demain urgent de faire du Sud-Ouest de l’océan Indien une zone de référence pour la surveillance de la ressource pélagique, la relative abondance d’aujourd’hui ne pouvant pas ne pas faire l’objet de tentations diverses, à termes dangereuses dans leurs résultats.
En effet, certains n’hésitent pas - et nous ne pouvons qu’être en phase avec eux - à affirmer que les 95% des tonnages prélevés par les flottes de pays du Sud-Est asiatique qui bénéficient de droits de pêche officiels ne sont qu’une toute petite partie de ce qu’elles prélèvent en réalité, la sauvegarde des intérêts des populations (souvent pauvres) des pays riverains est une urgence. Et, parce que le problème se posera forcément un jour, un appel international - un peu comme celui de Rio et de Kyoto pour l’Environnement ou de Nouméa pour la Culture - s’impose aujourd’hui en faveur de la sauvegarde de nos ressources marines...

R. Lauret


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