Riches parce qu’ils n’ont jamais rien possédé...

18 janvier 2007

Quand l’heure fut venue de saluer “La Boudeuse” peu avant 15h30, et qu’elle ne se détache du quai où elle était amarrée à toute notre île depuis quelques semaines, heureusement que les officiels que nous étions (représentants de l’Etat, de la Région, de la CCIR et de la Ville du Port) n’avaient pas sorti cravate et veste !

Quelle tête aurions-nous fait quand Patrice Franceschi, pieds nus, pantalon et tee-shirt du Capitaine qui, depuis le matin, commandait déjà son bateau, s’approcha à pas de sportif vers le petit podium qui avait été dressé pour la circonstance !

Pieds nus et barbe de deux jours, les cheveux sagement ébouriffés des embruns marins, surpris qu’il était en plein délit de préparatifs intenses : Patrice su remercier notre île, ses autorités régionales et municipales, la Marine nationale et la CCIR, les sociétés privées aussi qui avaient su remplir les cales du trois-mâts de tout ce qu’il lui faudra pour rallier son escale finale dans près de deux mois.

Et nous, qu’aurons-nous gagné là-dedans ?
A un journaliste qui me posait, à sa façon, la question, je pus dire que, par-delà l’équivalent d’une grande campagne de communication avec, cerise sur le gâteau, la présence de Jacques Pradel, leader d’audimat sur Europe 1, venu prendre d’assaut les micros de Radio Freedom, il y a le reste. Tout le reste.

C’est-à-dire l’occasion énorme, après Raphaëla Le Gouvello et Maud Fontenoy, de plonger notre population dans ses racines maritimes et son avenir tourné vers le grand océan.

Notre île est née, il y a trois millions d’années, d’une éruption volcanique par 4.000 mètres de profondeur. Un cône jaillit de l’océan Indien, laissant au-dessus du niveau de la mer un rond quasi parfait de 60 kilomètres de diamètre. Nous sommes le fruit béni des entrailles de la Terre. Et nous ne le savons pas toujours, au point que nos populations manient sans se poser de questions le pléonasme qui veut que nous soyons « une île entourée d’eau ».

“La Boudeuse” vient nous rappeler que notre destin trouve ses racines dans notre histoire. Les océans ont soulevé et porté les terres. Et les hommes les ont négligés, préoccupés qu’ils étaient à ensemencer ce qu’ils avaient sous les pieds et à y chercher leurs points de vie.

En écho à Arthur Clarke qui se demandait : « mais quelle idée avons-nous eue d’appeler Terre cette planète qui est tellement océan », Antonio Machado nous disait : « nous devons avoir des ailes et des racines, mais des ailes pour mieux nous enraciner et des racines pour mieux nous envoler ».

Hier, nous saluions “La Boudeuse” comme on salue ces aventuriers qui sont riches parce qu’ils n’ont jamais rien possédé, si ce n’est l’océan. Le vaste océan...

Raymond Lauret


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