S’il « y passe » !

16 juin 2007

Dans son billet d’humeur d’hier vendredi 15 juin, Christophe Tézier met, non sans malice, l’accent sur Jacques Chirac qui, ce samedi à minuit, sera redevenu un individu normal, un individu sans immunité et donc susceptible, comme vous, comme moi, comme chacun d’entre nous, d’être invité à répondre à une convocation d’un juge pour être entendu.
« Être entendu », cela signifie être éventuellement mis en examen et donc mêlé, devant un tribunal quelconque, à la recherche de la vérité sur tels ou tels délits constatés.
« Être entendu », cela signifie être éventuellement condamné.
Relevé du privilège d’immunité reconnu au Chef d’État en France, le citoyen Chirac pourrait donc « être entendu », c’est l’éditorialiste du “JIR” qui le précise, « dans plusieurs affaires menaçantes qui l’attendent au tournant : Clearstream bien sûr, mais aussi emplois fictifs du RPR payés par la Mairie de Paris ou encore les éventuels billets gratuits dont lui et son entourage auraient bénéficié avant 1995... ».
A partir de samedi minuit, Monsieur Chirac risque donc de devoir répondre sur des faits qui remontent pour certains d’entre eux à quinze ans et plus.
Je souhaite pour ma part qu’on fiche la paix à cet homme qui n’a jamais dit qu’il était sans tache, qui a dirigé la France à la demande des Français et qui l’a représentée, parfois avec panache quand, par exemple, il a fallu prendre date devant l’obscurantisme impérialiste de l’Amérique de Bush. A cet homme dont François Mitterrand disait qu’il est « au sein de la majorité le seul homme de sa génération à posséder un style... dans l’action, qu’il maîtrise avec une sûreté trop rare pour que je lui refuse les qualités du fond, seules capables de l’expliquer... ».
Mais quelques indices tendent à indiquer qu’il va « y passer ». C’est entre autres, la petite phrase de François Fillon (« il redevient un justiciable comme un autre ») ou encore la lettre à Nicolas Sarkozy de la veuve du juge Borrel (« découvert, rappelle Christophe Tézier, mort à Djibouti il y a douze ans dans des conditions mystérieuses »), laquelle veuve y dénonce « le rôle qu’aurait eu Chirac dans la conduite d’une enquête bâclée au nom de la raison d’État ».
S’il « y passe », alors cela voudra dire, pour les Français, que la France aura pendant douze ans été gouvernée par quelqu’un qui pouvait tremper impunément dans des affaires particulièrement graves - et délictuelles - pendant que, dans le même temps, le voleur de volailles était poursuivi et condamné.
S’il « y passe », cela voudra dire, pour les chefs des autres États de la planète, que le système français manque singulièrement de rigueur puisqu’il permet, sous couvert de suffrage universel, à n’importe qui d’être Président de la République !
Monsieur Roger de Weck, le Président, de l’Institut Universitaire de Hautes Études Internationales à Genève disait récemment que « la France, avec des institutions archaïques, n’est pas assez démocratique ».
L’archaïsme de nos institutions, c’est l’immunité discréditante dont bénéficient certains élus. L’archaïsme de nos institutions, c’est le scandaleux régime indemnitaire qui prévaut en France pour une profusion de « titres » rémunérés sans qu’il y ait, en face des salaires accumulés, la moindre obligation de résultat et surtout le moindre travail effectif. L’archaïsme de nos institutions, n’est-ce pas le signe que le temps du copinage et de l’hypocrisie n’a que trop duré ?

Raymond Lauret


Signaler un contenu

Un message, un commentaire ?


Témoignages - 80e année

La pès kabo

5 juillet, par Christian Fontaine

Kan i ariv Novanm-Désanm-Zanvié, domoun i réziste pi ek la salèr. Zène-zan i mars dann somin, zène-fi i roul an dékolté ; sétaki i rod in manir po (…)


+ Lus