Sa façon à lui de marcher droit

19 mai 2007

Dites « Bruny », « Angélo », « Aurélien » ou « Fabien ». La plupart de ceux qui vous entendront penseront à Bruny Payet, Angélo Lauret, Aurélien Nassibou et Fabien Lanave. Il en est de même pour « Georges-Marie ». Sauf qu’avec lui, si vous lancez son seul nom, peu de gens chercheront longtemps : une fraction de seconde suffit, l’instant qu’il faut à une oreille qui entend pour sensibiliser un cerveau qui fonctionne...

Ainsi en est-il à La Réunion de « Georges-Marie » ou, avec le même effet (j’allais dire le même bonheur), de « Lépinay ». Au contraire d’autres qui se prénomment comme lui, lui n’a pas besoin de préciser son nom. Il faut dire qu’avec la façon très particulière qu’il a de s’adresser à vous, pas besoin en effet qu’il décline son identité complète. Son “causement”, dans le ton et dans le vocabulaire manié, ne trompe pas : vous savez tout de suite que vous avez à faire à l’ancien patron de la CGTR.

A quoi tient-il qu’hier matin vendredi, quand aux premières nouvelles on apprit que « Lépinay » était candidat dans la circonscription de Saint-Denis, tout le monde compris et qu’il eut une vraie grimace chez certains, qu’ils soient classés de droite ou de gauche et qu’un radieux sourire apparut sur les lèvres d’autres ? Grimace pour les candidats qui savent qu’avec le (déjà) grand nombre des prétendants, leur score respectif en serait un peu plus érodé. Sourire chez ceux pour qui, dans un monde qui ne saurait voir un député autrement qu’en veste, cravate et chaussures bien cirées, « Georges-Marie » pourrait bien compter sur un électorat qui a appris que « les promesses (électorales) n’engagent que ceux qui y croient » et qui aimerait bien miser sur cet inconditionnel défenseur des travailleurs... Histoire sans doute d’essayer différemment !

De là à imaginer un second tour qui profiterait à ce Réunionnais original dans son style de vie et vieil ami de Gilbert Aubry bien que rien ne dise qu’il croit en autre chose que l’Homme, il y a plus d’un qui y pensent ! Car, dans la bataille sans concession que les autres se livrent, n’est-il pas celui qui pourrait finalement saluer tout le monde et apparaître comme le plus grand rassembleur commun, au pire comme le moins dangereux ?

Le portable de Georges-Marie Lépinay était bien occupé hier matin. A-t-il été surpris de découvrir que l’annonce de sa candidature lui valait de biens étonnants encouragements ? Il n’a rien laissé paraître. Cela ne suffira peut-être pas (mais avec lui, qui sait ?) pour que les huissiers du Palais Bourbon découvrent pour la première fois dans l’Histoire de France et dans les couloirs veloutés de l’Assemblée Nationale un député... en savates deux doigts ! Car je le crois bien capable, s’il lui advenait un jour d’avoir à s’y rendre, de ne pas abdiquer sur sa façon de marcher droit. En homme libre. Libre dans le risque de plaire et dans celui de déplaire.

Raymond Lauret


Signaler un contenu

Un message, un commentaire ?


Témoignages - 80e année


+ Lus