Sa vie, dans un premier temps, aura duré neuf ans...

13 juin 2006

Il avait neuf ans et était entré, c’était il y a tout juste quatre ans, dans nos légendes à tous : il avait engagé un combat contre ce que les hommes de science appellent le syndrome de Pfeïffer. Ce qu’il avait alors connu ne nous avait pas laissé indifférents. Et puis, chacun de ses retours après ses hospitalisations en France nous avait appris qu’il y a une étrange beauté derrière les accidents de la génétique : la grandeur de l’âme et l’amour de la vie. Même parmi les plus aguerris, nous en sortions émus...
Il avait neuf ans donc et, samedi, il est parti en nous permettant de méditer sur le sens à donner au message qu’il laisse.
Il n’a pas eu besoin d’avoir un nom pour être connu. Son seul prénom aura suffi pour qu’entre nous, nous parlions de lui, de son sourire et de sa joie offerts à tous ceux et toutes celles qui, derrière les caméras de nos télévisions, l’accueillaient à Gillot quand il retrouvait sa terre natale... mais aussi de son tranquille besoin de vivre comme tous les enfants de son île... et encore de l’optimisme qui l’habitait quant à la place qui serait demain la sienne dans son pays. C’est que, sur nos petits écrans, nous le voyions sourire, expliquer, jouer, danser, embrasser et se laisser aimer par tous ceux qui voulaient qu’il sache qu’il serait désormais entouré d’une naturelle affection, par-delà le premier cercle des siens...
Ses petits camarades, mais aussi les autres, avaient appris à vivre à ses côtés de garçon dont le handicap n’affectait en rien la sensibilité et la richesse des sentiments. À la limite, on pouvait se demander s’il avait perçu qu’il était la plus belle des réponses adressée à tous ceux qui se plaignent toujours de n’avoir pas tout eu de la vie !
La vie ? La sienne, dans un premier temps, aura duré neuf ans. Neuf premières années qui lui ont permis de s’inscrire dans l’éternité de tous ceux qu’il a interpellés, jusque dans leur intimité, quand l’incertitude de nos doutes nous posent les questions qui nous dépassent et que nous hésitons à manquer d’humilité à l’heure des réponses qui nous viennent à l’esprit.
Et puis, dans un second temps, le temps qui commence à partir d’aujourd’hui, la vie va se poursuivre plus que jamais avec lui et avec le souvenir de son regard, de son sourire et de ce qu’il clamait. Alors, soudain, on se rappelle et on vérifie que ne meurent que ceux qui n’ont pas vécu, que vivent ceux qui ont donné...
Robby avait neuf ans. Ses deux reins ont été prélevés et seront implantés sur deux autres enfants. Il continuera donc à vivre autant que l’histoire de sa vie va continuer, pendant longtemps encore, au-delà de l’album de famille, à rythmer nos questionnements d’adultes qui ont cru qu’en lui, un ange était passé...

R. Lauret


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