Saïd Larifou et Ibrahim Dindar...

3 octobre 2005

J’ai trouvé qu’elle n’était pas inintéressante l’initiative prise par Bruno Geoffroy et Olivier Danguillaume de réunir autour d’une tasse de café et de quelques croissants Saïd Larifou et Ibrahim Dindar qu’une (gentille et) grosse dispute avait opposés quelques jours auparavant. Elle a permis que les deux hommes fassent la paix.

C’est qu’ils sont tous les deux U.M.P., l’un encore au bord, l’autre déjà dedans. Elle leur a donné l’occasion de se réconcilier et de dire, et l’un et l’autre, de Nicolas Sarkozy que « c’est formidable qu’un leader politique dise qu’un pays comme la France ne devrait pas avoir un Le Penª » et que « un dirigeant politique de ce niveau, qui a une ambition légitime, doit avoir un discours qui rassemble tous les Français ». Sarko rassembleur ! On l’a dit ! Qui l’eut cru ?

J’ai donc lu entièrement, et puis relu, l’interview croisée que le Quotidien nous a offerte sur deux pays dans son édition de samedi.

Il y a été question, quasiment essentiellement, de “la situation de trop plein” que connaît La Réunion où, sans rire, « il n’y a pas de racisme » mais dont « le bateau prend l’eau », dont « les coutures du costume craquent de toutes parts », ce qui a pour conséquence que « c’est le dernier arrivant qui est regardé en couillon »...
Voilà qui a le mérite d’être clairement enrobé pour être lâché.

Car ces (nombreux) délinquants en col blanc dont il faut croire, puisque c’est “l’autre” qui l’a dit à Nicolas depuis Saint-André, qu’ils savent croquer à tous les râteliers de la République en sachant utiliser et user ses lois et décrets dont on est en droit de se dire s’ils ne sont pas sciemment votés avant tout pour cela (et ceux là), nos délinquants en col blanc, disais-je, ne se feraient jamais attrapés en délit de sans papier comme un de ces “étrangers” va-nu-pieds qui, hébété de voir qu’il n’y a pas la moindre lueur d’espérance pour lui et les siens dans le pays où il n’a pas demandé à être né, aimerait bien en trouver un autre qui lui offre un peu d’espoir ! À force d’y penser, il se met un jour à y croire.

Il se croit un être humain. Il veut donc espérer tenter de s’en sortir. Il croit que Dieu est bon et que tous les hommes qui s’en réclament doivent sûrement l’être eux aussi. Il espère un peu de solidarité, de chaleur humaine, de compréhension. Il ne sait pas, pauvre de lui, qu’il va causer tant de problèmes ! Il ne profite pourtant pas d’un quelconque trafic que des escrocs de son pays mais en cols blancs ont mis en place. Lui, il est tout bêtement à la recherche d’un coin de cette Terre du bon Dieu où il pourrait un jour mourir en paix après avoir vécu un peu.

On pouvait le deviner en filigrane dans leurs propos, mais Saïd Larifou et Ibrahim Dindar n’ont pas osé une seule fois parler franchement de ce ceux qui, à cause de la chance qu’ils ont eue de naître en Europe ou en territoire français, peuvent normalement venir à La Réunion. Ceux là sont en règle. Ils peuvent donc prétendre à un logement, à un emploi, à jouer un rôle dans notre société et la servir avant d’y disposer demain d’une sépulture. Ceux là sont aussi les derniers arrivants mais qui ne seront pas regardés “en couillon”.

Saïd Larifou et Ibrahim Dindar ont si peu divergé sur l’origine “du souci” ! Ils n’ont causé que des “situation irrégulière”, les pauvres largués qu’on « regarde en couillon » et à qui il ne reste qu’à aller prier Dieu : ils croient bien qu’il n’y a plus qu’à lui qu’ils peuvent encore se confier et s’accrocher, puisqu’ils savent n’avoir plus rien à attendre des chefs d’État et de gouvernement de “leur pays” de Tiers monde, là où la corruption est bien connue des corrupteurs qui font des affaires avec le monde des grands...

Peut-être leur reste-t-il parfois des instants de lucidité pour s’interroger sur une planète qui aurait bien besoin d’entrer dans l’ère d’une Organisation Mondiale de la Solidarité, plutôt que de trop miser sur celle exclusive, du Commerce.
On en est encore loin. Car si on a bien lu ce qui s’est dit vendredi autour d’un café et de quelques croissants, on est bien tentés de penser qu’il s’agissait pour certains d’accepter le pardon à moins qu’il s’agissait de le demander pour que tout reparte ainsi comme avant.

R. Lauret


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