Saluons Jean-Pierre Bade...

29 novembre 2006

Saluons nous aussi, et sans tomber dans l’excès, l’exploit que l’USST a réussi dimanche dernier en terre alsacienne. «  7-0  » : un tel score est exceptionnel. Peu de panneaux d’affichage des stades de foot en ont connu de pareils.

Et puis, ne l’oublions pas : ce «  7-0  » a été infligé à l’équipe de Schiltgheim sur son propre terrain, dans sa propre ville, sous les yeux... sous les yeux d’une tribune aux quatre cinquième remplie de Réunionnais arrivés des quatre coins de l’Hexagone ! Le tout, évidemment, dans une ambiance que le “stade de l’Aar” n’a sans doute jamais connue : “ti fleur fanée”... maloya... punch... et moucatages en créole. De quoi rendre la choucroute indigeste et le Riesling amer !

Et puis encore, il y eut ce match... à sens unique, ce match où tout réussissait aux uns et où tous les autres ont été baladés, ballottés, bidonnés et finalement bastonnés ! Au point que, pour l’entraîneur alsacien, la démission est aujourd’hui d’une évidente et imminente probabilité ! Au point que le grand quotidien local, les “Dernières Nouvelles d’Alsace”, parle de « terrible humiliation » pour une équipe dont l’entraîneur y confesse avoir « honte » pour lui et pour ses joueurs, qu’il est « dégoûté »... A croire que Schiltigueim est un excellent club qui nourrissait de légitimes ambitions ! Schiltigeim est devenu schiltiperde...

Saluons donc un exploit qui n’a pas fait dans le détail. C’est la tronçonneuse qui était à l’ouvrage. La grande forêt de sapins a été rasée en quatre-vingt-dix minutes. «  7-0  » : on n’est pas prêt, ici et sans doute aussi là-bas, à oublier... Sauf que il y a pire dans le monde et dans la vie.
Et, ceci dit, il ne faudrait peut-être pas faire l’économie de quelques simples réflexions.

La première : les Marsouins de St Leu par exemple, qui ont tout de même obligé l’USST à aller jusqu’aux tirs au but en finale régionale de cette fameuse Coupe de France, auraient pu réussir eux aussi l’exploit face à des Schiltigheimois qui ont perdu leurs moyens devant un gardien qui leur a montré qu’il aurait été excellent à partir du moment où, même sur penalty pourtant bien tiré, ils ne marqueraient pas ! Thierry Gorée vaut bien Emmanuel Ledoyen. Selon la logique du papier, la JSSP elle aussi, aurait pu signer l’exploit. Oui, pourquoi pas ?

La seconde : si l’USST a si joliment réussi, c’est qu’elle a sans aucun doute été superbement préparée mentalement par Jean-Pierre Bade. Les spécialistes le pensent et ils ont raison. Coacher, c’est avant tout savoir faire passer un état d’esprit, un sentiment de confiance, et cela lorsque vos troupes ont besoin de ce petit quelque chose. Saluons donc Jean-Pierre Bade.

La troisième : de même que nous ne pouvions pas suivre M. Yves Ethève lorsqu’il s’est autorisé à déclarer il y a peu que « lorsque des gens qui viennent d’ailleurs, qui sont formés aux Antilles, viennent nous donner des leçons, ils feraient mieux de rester chez eux... », nous ne suivrons pas non plus le Président de notre Ligue Réunionnaise de Football quand il s’enthousiasme parce que l’USST, dit-il, « a démontré qu’elle a eu raison de composer une grosse équipe avec des éléments de l’extérieur »... Après le coup des Antillais, celui-là ne doit pas non plus passer. Pas chez nous en tout cas.

Certes, on pourra toujours regretter que certains journalistes reproduisent des propos tenus avec une affligeante désinvolture par une personnalité qui oublie trop souvent le rôle du dirigeant. Mais lesdits propos ont été tenus. Ils resteront et ils ont choqué... Les propos continuent. Ils vont blesser ces centaines de dirigeants responsables qui ont fait le choix de former nos jeunes pour ne pas avoir à suivre M. Ethève dans ses débordements verbaux... et “ses” grosses équipes qui se composent avec des éléments extérieurs.

Raymond Lauret


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