Saluons le travail

5 novembre 2007

Normalement, cela ne se fait pas. Pourtant, comment ne pas souligner la belle leçon d’« optimisme réaliste » dont Paul Vergès vient de montrer les traits subtils à un monde politique et socio-économique qui se sentait bien démuni face à la machine des APE entre pays ACP et l’Union Européenne et dont le moteur tournait loin et sans lui ?
On le sentait, entre nous. Nous nous plaignions de ne point être consultés, d’être pris pour quantité négligeable. Que peut, en effet, bien peser notre petite île de La Réunion et ses moins de 800.000 habitants face aux 15 États membres du Sud Est Africain (s.e.a.) et ceux du groupe S.A.D.C. dont l’Afrique du Sud, le Mozambique, l’Angola et la Tanzanie ? Le poids des dizaines et des dizaines de millions d’habitants de tous ces pays, nous l’observions, ne pouvait pas ne pas emporter, dans le rêve d’espoir qu’elle veut croire réalisable, la décision d’une Europe soucieuse de construire un monde où les USA, la Chine et l’Inde ambitionnent de régner demain en maîtres, la consolidation de l’économie du continent africain en étant pour l’U.E. la condition première, nécessaire, bien que sans doute pas suffisante.
Les A.P.E. devaient être signés au plus tard le 31 décembre prochain, Accords de partenariat qui prévoyaient que les produits des pays A.C.P. entreraient sans quota (limitatif), ni Octroi de mer (pénalisant) dans toute l’Europe.
Toute l’Europe ? Mais nous sommes l’Europe ! Nous sommes une Région, ultrapériphérique certes, mais Région d’Europe, comme le sont également avec la Martinique, la Guadeloupe, la Guyane, les Açores, Madère et les Canaries. Nous sommes une RUP, la seule dans cette région de l’Océan Indien.
Quid alors de notre économie à nous, construite petit bout par petit bout, encore fragile et bien évidemment vulnérable, si les produits de Madagascar, de l’Ile Maurice, d’Afrique du Sud et autres peuvent y entrer, sans limite, ni protection douanière ?
La Région Réunion et “La Réunion économique” eurent beau argumenter que ces APE devaient pour notre petite île prendre la forme d’un traitement différencié. Car nous sommes une RUP, seulement une RUP, dans un environnement géographique et social très particulier. Qu’il convenait donc de se livrer à une analyse précise et ciblée des impacts de ces APE sur notre avenir. Qu’il importait alors de savoir oser l’originalité et l’intelligence, la générosité donc, en proposant, par exemple, l’idée de co-développement entre États de la COI, Madagascar, les Comores, l’Ile Maurice, les Seychelles et nous. Co-développement économique, mais aussi dans la recherche commune de nos développements durables, dans le domaine énergétique, culturel, sportif, touristique...
Et puis, cette dernière idée vient de prendre corps, après deux rencontres successives et inédites, en l’espace d’un court temps, toutes affaires cessantes, à Mahé et à Port-Louis. Le gouvernement français a confié à la Région Réunion, laquelle y a associé la “Réunion Économique”, le soin de le représenter. Les intérêts de notre RUP y ont été défendus, avec l’humilité et le respect des autres qu’il convenait. Et la raisonnable espérance d’un bon départ.
Saluons le travail...

R. Lauret


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