Salut, l’artiste...

26 janvier 2008

Posée sur sa table de travail dans le bureau que Sylvestre Lamoly, lui et moi, nous occupons au quatrième étage de l’immeuble de La Région au Moufia, l’épaisse revue qu’édite six fois par an l’Institut National des Métiers d’Art, avec sa « Une de couverture » toute en couleurs, ne pouvait échapper à mon regard.
Ces cinq magnifiques boules finement sculptées, je les connais. Je les ai vues il n’y a pas si longtemps, ici même, prêtes à être soigneusement emballées pour une destination à moi inconnue.
La revue “Métiers d’Art”, solide référence nationale dans le domaine, en a fait son titre d’appel.
Le talent d’Emmanuel Lemagnen entre donc par la grande porte dans les trésors de la création française et internationale. Je n’en suis pas surpris et vous non plus qui connaissez l’imaginatif débordant de notre ami et sa capacité à entraîner tous ceux et celles qui ont du savoir-faire au bout des doigts dans la belle aventure de la transformation du plus quelconque des matériaux, pourvu qu’ils soient de qualité, en une œuvre qui vous transporte jusqu’à l’émerveillement.
Le travail de l’œuf - car il s’agit d’œufs d’autruche - est vieux de plus de 3.000 ans. C’était, au tout début, en Mésopotamie.
Et le bureau de création de la Chambre des Métiers et de l’Artisanat de La Réunion, sous la houlette notamment d’Emmanuel, ne s’est pas trompé quand il décida de valoriser cette matière première que la ferme d’élevage d’autruches de notre île produisait.
Aujourd’hui, la ferme n’est plus. Mais des œufs qui, un jour, y ont vu le jour ont été conservés et peuvent être livrés aux mains expertes de nos artistes-artisans talentueux. Un simple cutter ou, pour les plus sophistiqués, une turbine de prothésiste dentaire, permettent de « travailler » la surface des œufs. Tout est en finesse, subtilité, délicatesse dans ces « reliefs » ou « jours » qui se détachent de la sphère pour le plaisir de nos yeux.
Emmanuel a un jour osé aller plus loin et utiliser un tour à bois pour puiser dans la ressource plus solide qu’on ne croit, mille autres possibilités. Et d’expliquer : « Trouver l’axe parfait d’un œuf, le fixer sur le tour, régler la vitesse, choisir les outils, telles ont été les questions qui se sont posées avant d’obtenir, après une semaine d’essais, le premier œuf tourné ».... C’était une première...
Une “première” pour laquelle il convenait donc qu’un nom lui soit trouvé. Emmanuel Lemagnen, montrant alors qu’il n’était pas qu’un artiste, proposa que celui qui s’exprime dans ce nouveau métier soit un « ovoglyptographe ». Proposition retenue, adoptée avec les félicitations du jury... Et les nôtres.
Salut l’artiste...

Raymond Lauret


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