Salut, l’artiste...

7 juillet 2005

(page 2)

Chacune de nos vies - et donc la vôtre aussi... mais si, mais si ! - est riche de petites choses, ces “choses de peu”, auxquelles nous avons tort de n’accorder souvent aucune importance. Elles nous arrivent n’importe où, n’importe quand et s’invitent dans notre quotidien, un peu à notre insu. Et nous ne les voyons pas !
Tenez... Ce mardi, Claude Lowitz vient me “récupérer” après ma séance de kiné chez Jean-Yves Lejeune, au Port. Il nous faut faire un point sur la mission qu’il a entamée, depuis plus d’un an déjà maintenant à Shanghai, à la tête du centre de formation des jeunes footballeurs de Chong Ming. Il a des choses à me dire, des orientations de sa vie à discuter. C’est un honneur qu’il me fait.
Je m’installe à l’avant de sa voiture. Du coin de l’œil, il constate que j’ai bouclé ma ceinture. Il peut démarrer... Un crochet vers la mairie du Port où celui que nous appelons tous “Votre Majesté” m’attend devant le portail pour récupérer quelques dossiers et m’en refiler d’autres, et nous “rentrons” à mon domicile.
Angle de la rue de la Douane et de l’Avenue de la Commune de Paris, Claude marque consciencieusement le “Stop” et redémarre normalement, sans s’attarder, en garçon équilibré et qui maîtrise ce qu’il fait. Devant lui, un policier, du bras, lui demande de se garer.

"Vous savez pourquoi je vous ai demandé de vous arrêter ?”.
Claude lui répond que non.

"Vous n’avez pas respecté le “stop", lui dit l’agent

"Ah ! Non, je regrette, j’ai parfaitement respecté le stop".
Je me penche vers le policier et témoigne : "Le stop a été respecté".

"Papiers"...
Les papiers de Claude sont en ordre, impeccables... L’agent vérifie l’état des pneus. Impeccables eux aussi... Claude :

" Oui, j’ai parfaitement respecté le Stop”...
Moi : “Je témoigne”...
Quelques instants, une minute peut-être s’écoulent.
Le policier : "J’ai un doute... Peut-être, effectivement, que vous l’avez respecté, le stop !"
Claude, alors : "Je vous remercie..." Et moi : “Je salue votre sens de l’humilité.”
Voilà. C’est tout. J’ai pensé qu’il était bon que l’on sache que, au Port comme sans doute ailleurs dans l’île, il y a des policiers qui savent rester des hommes simples et respectueux et donner ainsi du sens aux choses de peu...
Sans transition, je me projette à Sainte-Marie où, m’apprend le journal municipal qui m’arrive par la poste, une rue porte depuis peu le nom de André Lardy.
André Lardy... En 1963, j’ai 17 ans et je suis gardien de but à l’Escadrille. Nous rencontrons, pour la première journée du championnat de D2, la Dynamo de Sainte-Marie. Jean Moysan, qui dirige alors les pages sportives du journal “Liberté”, m’a demandé de lui faire un papier sur le match. Ce qui n’était pas pour me déplaire : c’est là un bon exercice pour le bac de français. Ce sera mon premier article. Je m’en rappelle parfaitement : un court compte rendu avec pour titre, très sobrement : “Signé Lardy”. Le goal que j’étais faisait l’éloge de cet attaquant véloce, particulièrement fair-play et qui avait marqué le seul but d’un match que la Dynamo avait donc gagné.
En regardant, dans le magazine de la Commune dirigée par Jean-Louis Lagourgue, la photo d’André Lardy, je suis frappé par ce visage qui est resté le même. Les belles choses, les choses de peu, ne vieillissent jamais. Et quelle reconnaissance pour un garçon la cour !
Salut, Lardy...
Salut, l’artiste...

R. Lauret


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