Sans doute M. Jégo n’a-t-il pas oublié, lui...

10 novembre 2008

L’INSEE vient de publier l’édition 2008-2009 du “Tableau économique de La Réunion” (T.E.R.). À la page 193 de cet ouvrage, dans le chapitre consacré aux carburants et combustibles, il est confirmé qu’il est consommé dans notre île 260.000 tonnes de gasoil et 118.000 tonnes de sans-plomb.
Sachant qu’un litre de gasoil et qu’un litre de sans-plomb pèsent respectivement 950 et 870 grammes, nous disposons donc aux pompes des stations-services de 280 millions de litres de gasoil et de 135 millions de litres de sans-plomb, soit un total de 415 millions de litres de carburants qui peuvent être achetés.

M. le Préfet a tenu à le dire et à le répéter : c’est « d’autorité » qu’il a obtenu des pétroliers un « effort » de 5 centimes. Soit, pour un exercice annuel, 20 millions et 750 mille euros à prélever sur les bénéfices des pétroliers.
Ces bénéfices émanent d’une situation et d’un statut qui ont amené M. Yves Jégo - citons-le - « à donc souhaiter que TOUTE la transparence soit faite, DANS LES PLUS BREFS DÉLAIS, sur les coûts de ces produits et qu’à chaque étape, TOUTE la clarté soit faite sur la construction de ces prix ».

On ne peut que saluer cette opinion anticipée et mesurer l’embarras de M. Jégo quand il poursuit aussitôt que « dans cet esprit, IL A RENOUVELÉ sa demande afin qu’une mission composée d’inspecteurs de l’administration procède rapidement à cette analyse et formule AU GOUVERNEMENT des propositions d’amélioration afin notamment de maîtriser l’évolution des prix des carburants, dont chacun sait l’impact sur le pouvoir d’achat de nos concitoyens ultra-marins ».

Ainsi, le secrétaire d’État à l’Outre-mer a bien compris qu’on a trop tardé et qu’il urge désormais que le gouvernement puisse - « D’AUTORITÉ » - agir dans le bon sens.
Sans doute M. Jégo n’a-t-il pas oublié, lui, que les taxes perçues et reversées par la Région sont inférieures à ce qui est prélevé en France hexagonale, que chez nous, elles ne suivent nullement l’évolution du prix à la pompe, et qu’elles sont loin de suffire pour assurer les grands chantiers dont notre population a besoin.
Sans doute a-t-il perçu que l’opinion publique n’ignore plus que les multinationales, actionnaires connus de notre SRPP locale, réalisent mondialement de colossaux bénéfices à partir d’un prix décidé loin de nos rivages.
Sans doute admet-il qu’il serait irresponsable, pour La Réunion économique dans tous ces corps d’État, de fragiliser les moyens déjà restreints d’intervention pour la Région et de nos communes.
Sans doute acceptera-t-il que soit rappelé - à ceux qui le savent déjà en premier lieu - que le Conseil régional n’a pas attendu pour appliquer aux marchés passés avec les entreprises la clause de révision du prix du carburant quand il y a augmentation. Et nous n’avons pas manqué d’en informer les transporteurs.

À titre d’illustration, sur le marché des enrobés de la route des Tamarins, le marché initial de 65 millions d’euros a subi des augmentations de l’ordre de 20%. Il est passé à 80 millions. Il appartient donc à toutes les entreprises qui ont réalisé en sous-traitance le transport des enrobés de se faire payer le surplus carburant.
Cette application de la loi, M. le Préfet a rappelé qu’il s’en portait désormais personnellement garant.

Parce que les problèmes que subissent les professionnels de la route et la population ne vont pas manquer de se poser demain, il m’appartenait d’apporter ces quelques éléments de réflexion à tous ceux qui ont à participer aux discussions à venir.

Raymond Lauret

Prix des carburants

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