Sentiment d’insécurité : le cri responsable qu’il nous faut lancer

13 novembre 2006

Les médecins - ceux du Port autant que ceux de toute l’île - ne veulent plus garder pour eux seuls l’émotion qui les étreint quand ils voient quelqu’un entrer dans leur cabinet. Ils ne peuvent alors éviter le petit réflexe qui les pousse à se rassurer sur la raison qui motive cette visite. Leur raison d’être est d’ouvrir leur porte à celui qui y frappe. Ils sont là pour soigner quiconque fait appel à eux. Pas pour se méfier du “client”... Leur serment les y engage.
Aujourd’hui, à cause de certains agissements, le sentiment qu’ils peuvent être en situation d’insécurité a pris beaucoup de place dans métier qu’ils ont choisi d’exercer. Ceci est valable pour les pharmaciens aussi, mais également pour les employés (souvent des femmes) de commerces, de boulangeries etc... Ceci est valable pour les chauffeurs de bus et sans doute demain, pour les chauffeurs de taxis...
Cela se voit dans chacune de nos villes, pas plus qu’en métropole ou ailleurs dans le monde. Pas plus, mais c’est déjà trop.
J’ai eu la semaine dernière l’occasion d’en parler longuement avec des
médecins et des pharmaciens de ma bonne ville du Port.
Dans toute l’île, le mal - c’est à dire le sentiment que l’on pourrait être en insécurité - est bien plus profond qu’on ne le dit et même qu’on ne le croit. Seuls les inconscients n’en sont pas... conscients.
Et quand il y a un incident, le premier cri est en général de se demander : « Mais que fait donc la Police » ?
Soyons clair : la Police ne saurait être présente dans tous les cas où il y a sentiment d’insécurité. Ceci est évident et admis. On peut seulement demander, quand il y a eu acte, qu’elle soit là rapidement pour calmer les esprits et empêcher que la violence ne s’étende. Les nombreux exemples vécus ces temps derniers en métropole viennent nous rappeler que la tâche n’est peut - être pas aussi évidente. Mais, Dieu merci, nous n’en sommes pas, dans notre île, au degré de gravité vécu là bas, même si nous ne pouvons pas nous satisfaire de savoir que les malfrats seront arrêtés.
Le second cri, c’est : « Allons voir le Maire ». Les villes - toutes les villes de France et de Navarre - financent de nombreuses associations dont l’objet déclaré et souvent abouti est de participer à l’émergence d’un esprit citoyen. Les Mairies peuvent-elles faire plus ? Vu l’état de plus en plus serré des budgets communaux à La Réunion, il faut savoir qu’il sera difficile d’aller plus loin.
Reste les habitants eux-mêmes. Pas seulement les résidents, mais aussi tous ceux qui font que chaque quartier est un morceau bien vivant de l’ensemble de la cité, en raison du rôle social qu’ils y jouent quotidiennement et toute l’année.
Lorsqu’il y a trois ans maintenant, le Père Sylvain Labonté, curé du Port, a opté pour que les fêtes religieuses du 15 Août donnent une place forte à la préoccupation de chacun de faire de sa rue et de son quartier un espace de convivialité et de respect du bien public, nous avions applaudi et continuons à soutenir une initiative qui nous interpelle tous.
J’en ai parlé avec certains médecins que j’ai été amené à rencontrer ces jours derniers. Passé le moment de l’émotion, il y a manifestement une large convergence dans les opinions. Et des démarches, pour l’immédiat et le moyen terme, ont pu être évoquées.
Avec ceux d’entre eux qui le voudront, il y a une belle initiative à prendre : une sorte de cri d’espoir lancé de façon responsable en direction de ceux qui aspirent demain à diriger la Nation. Nous en avons discuté. C’est maintenant qu’il faut prendre les devant. A quelques mois de la prochaine Présidentielle.
Et je le leur ai dit : l’initiative aura d’autant plus de poids qu’elle portera la marque de leur souci d’être eux aussi citoyens du quartier où ils vivent plusieurs heures chaque jour.

Raymond Lauret


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