Ses dialogues silencieux...

26 avril 2007

Loin des luttes politiques dont de crasses bassesses viennent trop souvent ternir la grandeur, la vie sait réserver à ceux qui n’oublient pas qu’ils ont une âme quelques espaces de reposantes rêveries... Ainsi en sera-t-il pour ceux qui prennent le temps de tenir leurs petits enfants par la main ou dans leurs bras... Ainsi peut-il en être pour celui qui, au marché forain dans son quartier, déambule entre les étals et le doux brouhaha qui chante tellement fort tous nos authentiques... Ainsi il en sera pour celle qui sait reconnaître dans les odeurs de sa cuisine cet art culinaire hérité de nos grands-mères à nul autre inférieur... Ainsi, encore, à contempler le soleil qui se couche ou les étoiles dans la nuit.
Ainsi en fut-il la semaine dernière pour ceux d’entre nous qui ont poussé la grande porte vitrée de la “Galerie Gounod” à Saint-Denis, là où Marcel Gris exposait quelques-unes de ses peintures.
On va voir Marcel Gris parce que, généralement, on connaît ce cadre de la Chambre de Commerce et d’Industrie de La Réunion et que l’on a bien noté que derrière ses grosses colères, il y a toujours en embuscade le généreux et franc sourire de la réconciliation et surtout... et surtout... beaucoup de compétences et une montagne de dévouements.
« On vient voir Marcel Gris », quelqu’un l’a écrit sur le livre d’or posé à cet effet, « par Amitié et on en revient émerveillé ».
On en revient émerveillé, mais, assurément, également enrichi par la profondeur du coup d’œil d’un artiste qui vous fait glisser en même temps que son pinceau dans sa vision de la création, depuis son alpha jusqu’à son oméga.
Ce que Marcel Gris appelle « dialogues silencieux » vous entraîne à vous imaginer comment a pu être l’infini avant qu’il ne devienne notre éternité. Dialogues sans parole, dialogues sans bruit, dialogues simplement, seulement... allez, osons dire... grandement divins qui n’ont pour mots que la tiédeur des bleus, la chaleur des marrons ou la douceur des ocres, lesquels finissent, sur la toile du maître et, bien plus encore, sous votre regard conquis, en mêlant leurs couleurs pour donner naissance et du sens à d’émouvantes valeurs.
Qui nous faut-il remercier le plus de François Hennequet, son ami aujourd’hui disparu avec lequel il partage une de ses œuvres les plus chères à son cœur et qui un jour l’incita « d’accepter d’affronter le regard des autres » ou bien de Eric Magamootoo, de François Caillé et d’Adam Ravate qui l’ont « poussé à l’acte d’exposer » ? Car, il fait le savoir, Marcel Gris n’osait pas venir à la Galerie. Par pudeur ?
Non, sans doute de la peur d’être compris dans sa part de vérité cachée qu’il croyait avoir dissimilée dans ces dialogues à nous nullement silencieux puisqu’ils nous parlent et finissent par nous suggérer un peu de nous-mêmes.

Raymond Lauret


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