Si à l’écrit ça ne va pas, à l’oral, bonjour les dégâts !!

23 septembre 2006

J’en profite juste pour dire un mot sur le séminaire très instructif qui a eu lieu à la Région en début de semaine sur “La Réunion face aux risques naturels”. Il s’agissait de faire réfléchir ensemble des décideurs politiques et des scientifiques sur cette problématique. Au-delà du fond qui a été très instructif et très (parfois mal) rapporté par les médias, je souhaitais prendre cet exemple de collaboration entre politiques et scientifiques pour montrer à quel point La Réunion a besoin de ce type de recherche. Une recherche d’excellence en lien avec les préoccupations de sa région. En passant, j’en profite pour dire que les doigts d’une seule main suffisent pour compter les chercheurs de l’Université de La Réunion réellement présents à ces deux journées. Passons.
La recherche à La Réunion, qu’elle soit universitaire ou autre, ne peut pas être déconnectée de la société réunionnaise, tout en étant une recherche de niveau internationale. Et ceci devrait être valable aussi bien pour les sciences dures que les Sciences de l’Homme et de la Société, c’est-à-dire les lettres, le droit et l’économie et les sciences humaines. Et la société réunionnaise a un besoin vital que des travaux de recherches soient développés pour comprendre les problèmes de La Réunion. On va me répondre que ces problèmes ne sont pas spécifiques à La Réunion et on aura raison : la violence, l’alcool, le chômage, l’illettrisme... tout ça n’est en rien une spécificité de La Réunion. Et pourtant...

Ne peut-on pas penser que la gravité de ces problèmes, à La Réunion, sont tels qu’il est possible que des recherches en anthropologie, en sociologie, en histoire, en psychologie nous éclairent et aident les politiques à mettre en places des actions réellement appropriées à la situation ? Le Président de la Région a pris l’exemple de la violence faite aux femmes lors d’une conférence de presse aujourd’hui. Il expliquait que, dès la formation de la population réunionnaise et durant toute la période de l’esclavage, la situation des femmes à La Réunion avait été largement pire que celle de l’homme. Ne serait-ce que du fait qu’elles étaient largement moins nombreuses que les hommes et qu’elles en subissaient des violences sexuelles.
Je prendrai, en quelques mots, le cas de l’échec scolaire et des conséquences catastrophiques du système actuel sur beaucoup de Réunionnais à la sortie du système éducatif. On continue à faire l’abstraction la plus totale de notre langue maternelle !! Non, je ne suis même pas en train de relancer le débat sur le créole à l’école. Pour autant, personne ne peut plus contester la situation de diglossie dans laquelle se trouvent les enfants qui entrent en maternelle à La Réunion.

Pour ceux qui ne le savent pas : diglossie = marque l’état dans lequel se trouvent deux langues coexistant sur un territoire donné, et dont l’une occupe, le plus souvent pour des raisons historiques, un statut socio-politique inférieur (Cf Wikipédia, l’encyclopédie libre sur Internet). Et oui, on ne peut pas le nier, ça colle parfaitement. Alors, Christine Soupramanien m’apprenait à l’instant que plus de 3.000 jeunes entre 16 et 18 ans s’ajoutent chaque année à la longue liste des illettrés. Mais qu’est-ce qu’on attend pour prendre en compte la situation ? Cette foutue définition nous montre clairement que ce qui se passe ici est spécifique à notre situation.
Quels chercheurs travaillent réellement là-dessus au point de faire des propositions aux décideurs ? Qu’est-ce qu’on attend pour tous se remuer pour obliger l’Éducation nationale à prendre en compte cette spécificité et à mettre réellement en place des classes expérimentales dans les quartiers défavorisés ? Les seules actions menées se font selon la bonne volonté de certaines mairies, de certains directeurs d’écoles, de quelques enseignants et acteurs de terrains. Et l’illettrisme OK, mais les autres, ceux qui réussissent, est-ce si brillant que ça ? Pour la majorité d’entre nous, l’oral est une épreuve insurmontable. Combien de Réunionnais ne sont pas retenus à un concours, à un entretien d’embauche parce qu’ils ont perdu leurs moyens lors de l’épreuve orale ? C’est pas 140.000. C’est bien plus et c’est beaucoup trop.

Maya Césari


Signaler un contenu

Un message, un commentaire ?


Témoignages - 80e année

La pès kabo

5 juillet, par Christian Fontaine

Kan i ariv Novanm-Désanm-Zanvié, domoun i réziste pi ek la salèr. Zène-zan i mars dann somin, zène-fi i roul an dékolté ; sétaki i rod in manir po (…)


+ Lus