Si ni gagn pa, lé foutu...

17 juin 2006

Passion n’ayant rien à voir avec raison, personne à l’heure où vous lisez ces lignes ne doute que son équipe va demain dimanche prendre une franche option pour la qualification. Ni à Séoul où un victorieux match nul est plus qu’espéré : attendu ! Ni en territoires français où la certitude qui prédomine, c’est qu’une certaine logique, celle qui veut que Zidane, Henry, Barthez et les autres sont de grands noms du football mondial, va s’imposer et que la Corée du Sud fera les frais du réveil tricolore.
Hier, j’en discutais avec le chef de la sécurité de l’Hôtel “Le Saint-Denis”. Question classique : "Alors ?" Pas besoin d’en poser plus. "Alors ?"... La réponse est immédiate, sur fond de voix qui traîne une tonne de regrets et de crainte : "il faut pas que Ribéry y rentre tout d’suite...". La suite, vous la connaissez depuis que toute “la France sélectionneuse” a décrété que Domenech n’aurait pas dû céder à la pression de "l’opinion" que certains journalistes ont "honteusement" relayée. La suite : "Ribéry, il faut que lu rentre 20 minutes avant la fin..."
Bon, d’accord pour le joker Ribéry. Mais la France ? "Bin... i fé pèr !!! Si ni gagn pa, lé foutu !!!" Ben, en effet, si ni gagn pas, ni perde !
Tout ça pour vous dire que vous avez le droit, vous aussi, de vous attendre au pire. Sachant que le pire pour vous peut être le bonheur pour les Coréens... et les Suisses, lesquels seraient qualifiés en cas de nouvelle défaillance des Français !
Un récent sondage - que nul journal n’a publié, et pour cause : il est dans ma seule imagination - indique que 94% des Français interrogés ne savent plus ou ne sont pas sûrs que c’est le Brésil qui a remporté la Coupe du Monde de 2002 à Séoul. Normal : dès lors que la France est éliminée, ses supporteurs ne s’intéressent plus à la suite de la compétition ! Quelqu’un qui s’y connaît en football ne disait-il pas que de plus en plus de spectateurs nous montrent que, dans un match, ce n’est ni le sport, ni le foot qui les intéressent, mais seulement leur équipe ?
Dimanche soir, on nous rejouera “Grandeur et décadence”. Grandeur si on gagne, décadence s’ils perdent... Et si on se mettait à être mesuré, tout seulement ?

R. Lauret


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