Son seul titre suffisait pour en faire un ouvrage qui se vende...

28 avril 2006

“La tragédie du président” , le dernier livre de Frantz-Olivier Giesbert, n’allait pas être ni ne pouvait être un bouquin égaré parmi d’autres sur les rayonnages des librairies de France et d’outre-mer. Il allait être et ne pouvait qu’être en tête de gondole le temps que, par milliers et par milliers, il ne s’arrache comme le sont tous les best-sellers de l’édition.
C’est qu’il y est question de Jacques Chirac. Le président Chirac, qu’on l’aime ou qu’on ne l’aime pas, qu’on le soutienne ou qu’on ait envie qu’il quitte l’Élysée, n’est pas n’importe qui. Ni même n’importe quoi. Et pour ne pas me défiler sur cette question, je vous dirais que j’aime bien le personnage, un peu polisson, grand par la taille et par son côté paysan, malgré les défauts qu’on lui prête et dont certains sont sans doute avérés. J’aime aussi l’homme dont j’ai gardé l’image qu’il “n’aime pas les dîners en ville” tout en sachant apprécier avec gourmandise une tête de veau paysanne, autant que de se délecter d’un sandwich campagnard dans une main, une chopine de bière dans l’autre.
Et puis, grâce à la faute d’une gauche qui voulut compter ses incompatibilités, c’est sans état d’âme - c’était facile, me direz-vous - que j’ai voté pour lui au deuxième tour de la dernière présidentielle.
Voilà donc un bouquin consacré à la tragédie que vit un président de la République française, tiraillé entre un Sarkozy qu’il aura subi tout en le fabriquant et l’absence d’alternative à ses yeux présentable ; au point qu’il en est à se demander s’il ne devrait pas sans tarder annoncer qu’il saura, s’il le faut, une fois encore se dévouer.
Un tel bouquin, disais-je, n’allait pas faire banquette. Son seul titre suffisait pour en faire un ouvrage qui intéresse et se vende.
Pourquoi donc M. Frantz-Olivier Giesbert a-t-il cru nécessaire, par des allusions qui relèvent de la prudence du goujat, de tenter - mais seulement de tenter, ce qui ne saurait être pour autant excusable - de salir Margie Sudre, même s’il a tout à fait le droit de considérer qu’elle fut ministre d’une cause qui ne valait pas qu’on y consacre un ministère ?
Pourquoi donc ces chuchotements de bout de trottoir sur la vie privée d’une femme à laquelle certains prêtent des penchants comme des banquiers prêtent volontiers aux riches ? N’y-a-t-il pas eu bien pire dans les gouvernements de la République que les femmes que l’on a dénommées “jupettes” avec le ton méprisant de la jovialité des machos ?
Sans doute, la réponse à ces questions et à bien d’autres encore tient en peu de mots et en une seule phrase : M. Giesbert est bien entendu un homme sans défaut qui sait manier les outrances qui lui garantissent de vendre ce qu’il a écrit...

R. Lauret


Signaler un contenu

Un message, un commentaire ?


Témoignages - 80e année


+ Lus