Sur 19 kilos consommés, seuls 750 grammes...

22 octobre 2005

Je n’ai aucune envie de bouder le plaisir que j’ai personnellement éprouvé hier vendredi quand M. Laurent Cayrel, répondant à la question que j’avais posée à propos du silence de son rapport d’activités sur la pêche, “confessa” à l’assemblée régionale que "sans vouloir faire de jeu de mots", il avait "pêché par omission". Nous avons alors été plusieurs à apprécier la simplicité du représentant de l’État et à nous dire qu’il venait ainsi de se porter garant de la mobilisation de ses services pour qu’on avance davantage encore.
La pêche est considérée comme un domaine d’avenir pour notre économie. Il faut qu’elle mobilise donc et vite l’ensemble des acteurs concernés pour répondre aux espoirs qu’elle suscite.

On ne peut pas ne pas être interpellé par les deux chiffres qui suivent : sur les 19 kilos de poissons que chaque Réunionnais consomme chaque année, seuls 750 grammes proviennent de la pêche locale ! 4%... 4% seulement de ce que nous consommons sont pêchés par notre flotte !
Or, l’océan Indien est une mer particulièrement poissonneuse. La preuve, ces milliers de bateaux battant pavillons d’États du Sud-Est asiatique qui, le révèle l’.I.F.R.E.M.E.R., prélèvent 96% des poissons pélagiques pêchés dans nos eaux régionales... La preuve encore, tout le monde condamne le systématisme de Bruxelles qui prend une mesure de diminution du nombre de bâtiments de pêche, assurément valable pour l’Europe mais totalement inappropriée pour nos régions de l’océan Indien.

Il nous faut aller bien au-delà que le développement des D.C.P. (Dispositifs de Concentration de Poissons) et les implantations de récifs artificiels nécessaires et indispensables pour soutenir la petite pêche. Il nous faut aller bien au-delà de l’amélioration de nos infrastructures et de nos superstructures portuaires nécessaires et indispensables pour répondre à une demande qui se précise.
Il nous faut bien sûr, et aussi, déboucher sur l’organisation de notre marché intérieur et réussir ce projet de coopérative générale dont tout le monde parle. Il nous faut encore explorer “le marché” mondial afin d’éviter d’y être tout simplement absorbé avant d’y être dissous.

Par-delà et à côté de ces obligations du court et du moyen terme, il y a l’urgence de mettre sur rails une politique ambitieuse de pêche pour tout l’océan Indien et plus particulièrement tout autour des États de notre zone. Une politique qui assurerait la sauvegarde de la ressource, le contrôle des pêches qui s’y font, la chasse aux bâtiments pirates, la formation de tous nos “travailleurs de la mer”.
Le président de la Région avait évoqué cette perspective avec M. Hervé Gaymard, alors ministre de l’Agriculture et de la Pêche. Celui-ci en avait aussitôt souligné le réalisme et tout l’intérêt que la France pourrait y trouver dans une zone du monde où elle a un passé et où elle aimerait bien avoir un avenir.

À l’heure où la question du développement des pays pauvres se pose, si on veut éviter les dérives d’une migration massive inévitable, la pêche est un espoir pour toute ambition d’une politique de co-développement pour la C.O.I..
C’est pourquoi hier, la réponse de M. le Préfet à notre question était à la hauteur de notre attente.
Reste à se retrousser les manches. Prochaine étape : la rencontre que la Direction Générale Pêche de Bruxelles qui aura lieu début novembre à La Réunion avec les RUP.

R. Lauret


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