Libres propos

Sur les lèvres de ceux qui craignent ou qui souhaitent...

12 janvier 2006

Même de loin, je ne connais pas - ou tellement si peu - le Tampon. Je n’ai, pour mon train-train quotidien, à faire ni à son maire, ni à ses adjoints, ni aux services de la Commune. Je n’ai donc pas de raison d’aimer ou de ne pas aimer André Thien Ah Koon que je connais comme on se connaît quand on est hommes ou femmes politiques et que, forcément, on est amené à s’intéresser à ce que les uns et les autres font ou disent.

Pourtant, le personnage m’a souvent ému. Et je l’ai écrit ici même. Je m’en souviens. C’était lors des épisodes de son tout récent procès. Je n’avais pas à juger si ce qu’il a fait était mauvais ou pas. Il y a des juges pour ça. Par contre, je n’étais pas resté insensible à ce que pouvait endurer son épouse, toujours à ses côtés, quand les vagues étaient au plus fort des coups qu’elles portent. Je l’avais écrit ici même... Un peu bouleversés par mon témoignage public auquel ils ne s’attendaient sans doute pas, André et Reine-Marie Thien Ah Koon m’avaient appelé et nous avions causé (un peu) de ce qui s’était passé et (beaucoup) de celui qui aurait été à l’origine de leurs ennuis. Je puis dire, sans toutefois tout dire, qu’ils avaient gros sur le cœur de tout ce qui s’était passé dans les coulisses de leur monde à eux...

Aujourd’hui, comme chacun d’entre vous, je suis l’actualité tamponnaise, l’initiative de T.A.K. d’imposer le calendrier politique au calendrier judiciaire, son audace quand, parlant de justice, il emploie l’adjectif “échaudé” et les réunions qu’il tient dans une ambiance particulière où l’émotion des autres rejoint celle que son visage, sa démarche, ses mots expriment.
Il y en a qui pensent qu’André Thien Ah Koon a le comportement d’un monarque déchu qui s’accroche à la cour qui l’entoure comme s’il espérait qu’elle pourrait encore - et toujours - le protéger malgré l’inéluctable qui va se produire. "Nous sommes en pleine mise en scène", avons-nous entendu, ici ou là.

Je crois pour ma part que, par-delà et avec ses défauts, T.A.K. est sincèrement attaché à ses fidèles et à ceux dont il rêve qu’ils pourraient un jour lui devenir reconnaissants d’avoir réalisé beaucoup de choses pour la ville qui l’a fait Maire. "Je suis très fier de ce bilan exceptionnel" a-t-il rappelé à plusieurs reprises ces jours derniers, un peu comme si, enfin lucide sur le sort que les foules réservent à ceux qui ne sont plus sur la plus haute marche, il prenait conscience que le livre de sa vie politique pourrait se refermer.

D’autres leaders bien connus ne se seraient jamais laissés aller à montrer leur peine et leur crainte que l’ingratitude des êtres humains vienne s’ajouter à celle de la République et de ses juges.
Chez André Thien Ah Koon dont on s’est souvent gaussé qu’il pleure aux enterrements, la sensibilité et le pathétique ne sont pas des traits de caractères surfaits ou feints. C’est ce que je crois. Quand il pleure, c’est qu’il partage la peine de ceux qui souffrent. Et lorsqu’à vingt trois heures il débarque, suivi de son épouse, un cadeau dans les bras et qu’il embrasse la mariée, le marié, les parents, les proches et un grand nombre des invités, si on sait que c’est tout le temps comme ça, on est bien obligé d’admettre que ce gars a l’art de communier aisément.

Reste que les temps ont peut-être changé. Didier Robert saura-t-il garder tranquillement le siège, au cas où la grâce présidentielle qu’il sollicitera et le souvenir qu’il aura laissé dans les chaumières tamponnaises remettent André Thien Ah Koon en selle ? C’est la question que personne ne pose à haute voix, mais que l’on devine sur les lèvres de ceux qui, dans le secret de leurs rêves, le craignent ou le souhaitent...

R. Lauret


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