Sûr que mardi soir...

28 juillet 2005

(page 2)

Il arrive plus fréquemment que l’on croit que des parents ont l’occasion de porter un jugement sur la manière dont ils se sont pris pour assurer l’éducation de leurs enfants. J’aime imaginer qu’ils sont nombreux à pouvoir se dire qu’ils ont fait de leur mieux et que, ma foi, ça a donné de bons résultats. Leurs responsabilités dans l’avenir de leurs progénitures devant bien s’arrêter à un certain moment, il est donc possible de faire ce bilan.
Mardi soir, toujours privé pour des raisons bien personnelles de toute sortie, je pensais à mon ami Jean-Pierre et à son épouse Issa qui recevaient leurs invités à l’occasion du mariage de leur fille quelque part à Saint-Paul.
Sans doute, fixant le rétroviseur de leurs vies de jeunes cinquantenaires qui ont su, aux prix d’un travail régulier et particulièrement prenant, donner à l’entreprise familiale une dimension plus que respectable, oui, sans doute se sont-ils dit qu’ils pouvaient être satisfaits en voyant Mary-Pierre, étincelante dans sa robe de mariée.
Sans doute aussi ont-ils éprouvé un sentiment de fierté en regardant leur fils Fabrice venu spécialement de Chine, de la ville de Kaïfong plus précisément dont, depuis plusieurs années maintenant, il connaît pleinement la vie des moines de l’École de Shaoling.
Se souvenant des difficultés d’alors que leur posait un enfant totalement atypique et qui n’éprouvait nulle envie - loin s’en faut - à profiter de la vie facile qui lui était offerte, sans doute alors se sont-ils félicités de ce choix surprenant qu’il leur expliqua un jour, au sortir d’un moment d’illumination : il voulait apprendre à maîtriser son corps et la force qu’il lui supposait ! D’où cette demande d’aller dans un temple de moines où il pratiquerait cette science maîtrisée de l’intérieur de soi !
Il partit donc au fin fond de la Chine, là où la fortune des parents, même si elle est grande, ne saurait influer sur le cours des choses.
Seule compte la volonté de l’être humain de se dépasser, loin du confort domestique, loin de l’eau tiède des salles de bains modernes, loin des tables d’où on ressort la peau du ventre bien tendue.
Sûr que mardi soir, pour Jean-Pierre et Issa, leur bonheur n’était pas seulement à la table d’honneur, dans les yeux de leur fille et de leur gendre. Sûr que mardi soir, pour Jean-Pierre et Issa, le bonheur avait aussi la forme d’un grand point d’interrogation : mais qu’est-ce donc, pour un enfant, que réussir sa vie ?

R. Lauret


Signaler un contenu

Un message, un commentaire ?


Témoignages - 80e année

La pès kabo

5 juillet, par Christian Fontaine

Kan i ariv Novanm-Désanm-Zanvié, domoun i réziste pi ek la salèr. Zène-zan i mars dann somin, zène-fi i roul an dékolté ; sétaki i rod in manir po (…)


+ Lus