’Surtout, ne devenez pas comme nous...’

6 décembre 2005

Sans aucun doute, la clameur qui envahit le Champ de Mars de Port-Louis quand les chevaux et leurs jockeys déboulent pour l’ultime effort de la dernière ligne droite, ne s’effacera pas de si tôt des souvenirs des dix membres de la délégation réunionnaise qui étaient ce week-end à l’Île Maurice pour l’“International Jockey’s Day” et les leçons que nous pourrions en tirer.
Magique, magnifique, à rien d’autre pareil : elle part de la foule, à ses pieds, monte le long des corps pour exploser et se propager dans les tribunes, derrière, là où l’autre classe de l’île sœur, la bourgeoise, donne elle aussi de ses cris pour que la clameur prenne rang dans l’âme culturelle et l’authentique mauricien.
"N’abandonnez jamais ce morceau de votre patrimoine", me diront, émus jusqu’à en trembler, deux zoreils amateurs de courses hippiques, qui insistaient pour que je rapporte qu’en métropole française, il y a belle lurette que l’informatique a vidé les hippodromes au profit des bars à P.M.U.! C’est qu’ils me prenaient pour un gros créole blanc de l’île sœur, mes deux touristes !
Le soir, autour de la table où nous dînions avec Sylviane Rivière, Marie-Laure Bouthillon et Christian Papoussamy (du TCO), Sandrine Gasne et Jean-Charles Galiacy (journalistes à Image Presse Réunion et au JIR), Michel Séraphine causant évolution portuaire avec un de ses homologues mauriciens quelques tables plus loin, nous l’avons revécue, cette clameur, et nous nous sommes mutuellement autorisés à vous dire que, chacun et chacune, nous en garderons la marque longtemps encore. C’est qu’elle vaut la peine qu’on y soit trempé...
La vivrons-nous, nous aussi, un jour, ici, à Cambaie où le T.C.O. aimerait bien offrir à La Réunion un hippodrome ? Peut-être, sans doute... Espérons jusqu’à en rêver... tellement je n’arrive plus à imaginer qu’un tel équipement ne soit pas surtout - avant tout - un point de rencontre et d’effervescence, un peu en marge du convenable et du correctement légal. Mes deux “zoreils” me l’ont dit : "Surtout, ne devenez pas comme chez nous"... Chez eux où le pari “ouvert” (on ne peut appeler ni “clandestin”, ni “illégal” ce qui se passe au vu, au su et donc dans un accord plus qu’explicite), tel qu’ils le vivaient ici à Port-Louis de l’Île Maurice, a été diabolisé pour que triomphe la taxation officielle... et forcément donc les officines fiscalisées ! Il nous faudra ici trouver notre voie à nous...
Avec ceux du TCO, nous ne pouvions éviter l’inévitable et indiscrète question de deux journalistes soudain prêts à ne plus être nos amis et les complices qu’ils surent être l’après-midi : "Comment allez-vous financer un tel investissement ? Et, puis, pour commencer, combien ça va coûter ?"
L’ordre étant donné (pas sûr qu’il ait été très longtemps respecté !) de taire le coût estimé, la voie était ouverte pour qu’on aille au fond du problème et au bout de la solution pour ce qui est du F.R.D.E. dont une loi, disons “scélérate” à cause de la non-réflexion dont la majorité parlementaire s’est rendue coupable il y a moins de deux ans, a atomisé les effets levier.
Quand tout le FRDE était géré en un guichet unique, cela a donné, entre autres, un port à Sainte-Rose, un littoral aménagé à Saint-Leu, un parc au Colosse, des routes à vocation désenclavante à la Plaine des Palmistes, des équipements portuaires ou aéroportuaires, des zones de développement économique là où cela remontait et imposait une logique d’aménagement.
Depuis que le FRDE a été émietté en 24 petits morceaux, sauf 4 qui forment à eux seuls les trois quarts du tout, laissant quelques miettes aux autres communes, aux EPCI et à la Région, on ne peut plus penser (ni agir) comme avant.
Alors, avec ceux du TCO que nos deux journalistes ne pouvaient qu’approuver (osant ainsi sortir de leur “obligation de réserve”), nous avons pensé qu’il faut réformer la récente réforme du FRDE : que, dans les meilleurs délais (le temps, par exemple, que le Zénith soit financé), le Fonds Régional pour le Développement (de l’Économie et de l’Emploi) soit réparti entre toutes nos structures intercommunales, à ces dernières de définir le meilleur équilibre pour la micro-région qu’elles gèrent.
Alors, l’hippodrome de Cambaie pourra devenir un bel équipement où toute notre île se retrouvera...

R. Lauret


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