Tous les jeunes, Dieu merci, ne se mutilent pas ainsi

1er décembre 2005

Plusieurs collégiens qui se retrouvent victimes d’une intoxication médicamenteuse : cela s’est passé il y a quelques jours. Ils avaient pris des cachets de Rivotril, histoire de voir ce qui se passe quand on absorbe ces produits sur les propriétés desquels notre société communique bien volontiers à longueur de “faits divers”. Gros émoi dans le landernau : ces jeunes gens et jeunes filles sont du collège Juliette Dodu, en plein centre historique de Saint-Denis, sur l’autre trottoir de la rue où se dresse l’immeuble du Parquet général. Brrr...

Ce mardi, deux adolescents laissent leur vie dans un accident de la route à la Plaine des Cafres. Elle, 13 ans ; lui 17. Une autre, 15 ans, est dans un état jugé grave. Quand paraîtront ces lignes... hélas... vraisemblablement... La Peugeot 206 flambant neuf fonçait sur la route qui descend vers le CREPS. Là, ça serpente, c’est large... Il est 7h45... La voiture est un petit bolide qui peut “monter” jusqu’à 200 ou 210 kilomètres par heure.

Ce sont les deux dernières nouvelles qui viennent grossir le tas de toutes celles qui font désormais partie de notre quotidien.

Ne nous trompons pas : dans d’autres coins du monde, pays riches ou qui aspirent à le devenir, pays pauvres ou qui sont condamnés à le rester, c’est la même chose, le même film, la même litanie. C’est même pire que chez nous.
La télévision nous le montre chaque jour. Comme disait cette vieille dame devant laquelle nous évoquions les extraordinaires progrès des technologies de tous les noms, il suffit de "peser sur un petit bouton" et vous savez tout... Vous avez tout.
Alors, il est loisible à notre jeunesse de faire pareil.

Pourquoi donc, selon vous, là-bas à Saint-Joseph, deux jeunes filles ont décidé de lier leurs destins jusqu’au tragique et de se jeter, ensemble, du haut d’un pont. "Geste prémédité", titrait le “JIR”. Geste profondément réfléchi, pourrait-on préciser. C’était l’autre semaine.
Pourquoi donc, selon vous, on braque nos caissières des bureaux de Poste ou de station-service ? Pourquoi donc on se lance dans des actes dont tout le monde sait qu’ils seront, plus vite qu’on ne le croit, élucidés et les contrevenants trouvés ?
On le voit à la télé, au cinéma : c’est la première explication. Si cela se montre, c’est que quelque part, c’est le produit d’une école ; c’est montrable. C’est pour faire pareil.
Seconde explication : la vie se réduit, pour de nombreuses personnes, comme trop tranquille, trop moche, trop sans perspective.
Le jeune qui fonce, sans casque et sans faire gaffe à ce qui pourrait déboucher au coin de la rue, ne manque sûrement pas du minimum de bon sens pour savoir qu’en cas de choc, il laissera sa peau. Il fonce tout de même. Deux jeunes qui se jettent d’en haut du pont, c’est à coup sûr, pour mettre un terme à une vie qui vient juste de commencer et qui, déjà, semble vide de tout intérêt.

Bon, je vous l’accorde, tous les jeunes ne se mutilent pas ainsi. Mais accordez-le moi, une seule vie qui se perd dans ces conditions, c’est désagréable à supporter.

R. Lauret


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