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2 avril 2012
Les lignes qui vont suivre — lignes qui ambitionnent d’être l’expression d’une réflexion qui se veut libre et qui s’efforce d’être responsable — sont finalement, vous le verrez, d’une grande banalité. Ne fallait-il pas pour autant les verser au débat qui accompagne les actuelles présidentielles dont notre île vient de vivre, pour ce qui est du camp de la gauche, deux grands moments avec les meetings qu’y ont tenus, l’espace de sept jours au Port et à Saint-Denis, Jean Luc Mélenchon et François Hollande ?
On peut raisonnablement penser qu’au soir du 22 avril prochain, dans maintenant trois petites semaines donc, Jean Luc Mélenchon sera devancé par François Hollande. C’est là une hypothèse qui s’impose dès lors que l’on demeure conscient d’un certain nombre de données objectives. Et cela même si l’on peut être porté par la sympathie que peut nous inspirer le leader du « Front de Gauche ». Cette sympathie pour Jean Luc Mélenchon s’explique parce que, en premier lieu, nombreux sont ceux qui ont retrouvé, ou ont découvert, un discours politique fort, qui est écouté et applaudi par des foules immenses, à la Bastille, à Lille, à La Réunion. Un discours qui marque un souci très appuyé de rupture avec ce système profondément inégalitaire qui mine tant de pays et qui installe de plus en plus en France et ailleurs une injustice qui rend la révolte du peuple parfaitement compréhensible.
Cette sympathie pour Jean Luc Mélenchon s’explique aussi par la conviction bien légitime que l’on peut avoir qu’il faut en permanence aiguillonner ses propres amis de la grande famille de la Gauche. Celle-ci ressemble à bien des groupes qui se sont un jour formés : tout le monde n’y va pas à la même vitesse, tout le monde n’y a pas forcement la même définition de l’intérêt général, certains sont en l’air et les autres en butte à milles difficultés quotidiennes. Simple exemple, histoire de se dire qu’il n’y a pas que chez les autres où il y aurait à redire : ceux d’entre les militants d’un même parti qui gardent pour eux leurs indemnités d’élus ne sont pas comme les autres qui les reversent.
Il faut donc aiguillonner ceux qui pourraient être au pouvoir demain. Et donc voter Mélenchon, montrer qu’il y a en France un peuple qui entend que ceux qui ont la responsabilité de gérer les affaires de la nation n’ignorent pas ceux d’en bas et que ce peuple est nombreux, cela ne manque pas de logique et de bon sens. Cela peut s’avérer utile pour demain. Voter Mélenchon c’est donc, d’une certaine manière, voter utilement .
D’autant qu’il y aura, deux semaines après, un second tour. Un second tour qui, c’est à ce jour une quasi certitude, opposerait Sarkozy et Hollande. Ce dernier devrait alors l’emporter assez largement. Parce que, en toute logique, il s’agira alors de choisir entre, d’une part, celui qui a un bilan lourdement ressenti par une majorité de la population et, d’autre part, un autre qui promet de s’attaquer aux privilèges qui portent les germes et les branches de l’injustice que nous connaissons. Et alors, tous ceux qui ne veulent plus de Sarko pourront voter Hollande. Ce sera le vrai vote utile .
Reste que personne n’a oublié qu’en 2002, Jean Marie Le Pen a devancé Lionel Jospin et s’est retrouvé qualifié pour le second tour des présidentielles. La seule morale voulait que nous votions alors comme un seul homme pour Jacques Chirac. Ce qui fut fait, à La Réunion dans de plus fortes proportions qu’en France d’ailleurs.
Cette hypothèse pourrait-elle se renouveler dix ans après ? Nous en étions là de nos questionnements quand nous lûmes, dans l’édition du JIR de samedi, l’annonce faite par François Hollande que Madame Bello prendrait la parole le soir à ses côtés au Parc des Expositions. Comme « allez donc vous faire voir » à Elie Hoarau, il ne pouvait y avoir mieux ! C’est du moins notre opinion.
Nous revînmes alors à l’esprit la déclaration publique en mars 2010 faite par la « dame », déclaration selon laquelle elle n’appellera « pas à voter pour la liste conduite par Paul Vergès » pour le Régionales. Nous revînmes alors à l’esprit que, contrairement à ce qui s’était passé partout en France, la liste socialiste conduite par Monsieur Michel Vergoz a refusé de s’allier à son partenaire naturel pour le second tour de ces régionales. Ce qui annonçait et permit la victoire de Didier Robert. Nous revînmes alors la position de la première responsable de la municipalité saint-pauloise lors des dernières sénatoriales. Tout, soudain, s’éclairait.
On peut penser, sans craindre de se tromper, que les réponses de François Hollande aux questions qui lui avaient été adressées par Yves Mont-Rouge ont pu être suggérées par certains socialistes locaux, comme cela se pratique généralement à un certain niveau de toute campagne électorale. C’est le droit de ces derniers, peut-être donc leurs intérêts, à avoir fait dire à leur champion ce qu’ils souhaitaient. Histoire d’être dans la continuité de certains de leurs positionnements dont nous osons espérer qu’ils ne font pas l’unanimité chez eux.
Tout s’éclairait donc : les régionales, les sénatoriales. Les régionales surtout, avec cette défaite qui n’était donc pas due à la seule volonté de certains socialistes d’ici.
Je me suis abstenu de me rendre samedi soir à Saint-Denis écouter François Hollande. Mais je voterai pour lui. Au second tour, c’est certain. Pour le premier, j’ai encore deux semaines pour me décider à me ranger derrière le drapeau de l’élan de mon cœur. Et choisir, quand Hollande sera président, de ne pas pavoiser avec certains…
Raymond Lauret
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