Tout terrain ne vaut que par ce que l’on y réalise...

6 juin 2005

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“Aménagement du Territoire” et “Politique foncière”. Le problème est essentiel. On en est tous conscients. La problématique est connue. Elle est dramatiquement simple : pour construire La Réunion du million d’habitants de 2020, nous avons besoin de 7.500 hectares au minimum ; ces 12 dernières années, le prix du terrain a augmenté de 125%. Les budgets, s’ils existent, exploseraient. Donc ils n’existent pas !
Devenus - mais cela remonte à la nuit des temps - propriétés de particuliers qui, très souvent, les ont acquis pour une bouchée de pain parce qu’ils ne “valaient” alors “rien”, les terrains ont attendu que la puissance publique construise des routes, des réseaux d’évacuations, électrifient, urbanisent. Leurs valeurs sont alors apparues. Le tour était joué : les propriétaires, ces spéculateurs, pouvaient les vendre au bon prix, avec de sacrées plus values.
La puissance publique, pour limiter la casse, a dû chercher et mettre en place toute une série de mesures contraignantes : les D.U.P., les ZAC, la préemption, l’expropriation et même la concertation autour du prix du service des Domaines. On a eu l’illusion que cela suffisait. Cela ne suffit pas puisque les budgets explosent et qu’il n’y a donc plus de budgets, façon de parler !
Nous sommes quelques-uns à avoir bien entendu les propos de M. Joseph Comby, un éminent spécialiste des études foncières, grand témoin appelé à la barre du séminaire de la semaine dernière : “tout terrain ne vaut que par ce que l’on y réalise” . Autrement dit, c’est ce que l’on y fait qui coûte. Pas le terrain qui n’est qu’un support.
Nous sommes quelques-uns à s’être rappelés que La Terre, pour causer familièrement et pour nous inviter à un peu d’humilité, nous a été donnée par le bon Dieu pour que les Hommes, en tous temps, puissent y construire la vie.
En s’accaparant cette Terre, des certains... plus malins, plus affairistes, donc chanceux... ont “racketté” les Hommes. Ça a été leur manière à eux de créer la civilisation. Cette Terre “rackettée” a par la suite été transmise, par donation ou en la troquant, à d’autres petits malins affairistes chanceux !
Il a fallu faire des lois pour officialiser et légaliser l’imposture. C’est totalement réussi. Les appareils législatifs, dans tous les pays du monde, ont mis en place toute une masse de réglementations pour que la puissance publique puisse tenter de rendre à l’intérêt de tous l’usage de cette Terre qui est aujourd’hui dans l’escarcelle de la logique spéculative. C’est ce que les malins voulaient : des tribunaux devant lesquels ils se défendraient. Car les voilà dans les normes, dans le moule de nos États de droit !
De plus en plus de citoyens se préoccupent aujourd’hui de barrer la route à la mondialisation “affairisée”. Le rêve d’hier prend corps. C’était le 29 mai dernier en France, puis, dans la foulée du 1er juin, la Hollande. Il y a eu Seattle, Rio, Gênes... Il y en aura d’autres.
Il y en aura d’autres qui diront à nos appareils législatifs qu’il faut revenir à la loi de départ : La Terre appartient, TO-TA-LE-MENT, à la puissance publique qui lui a donné toute sa valeur.
Excessif ce raisonnement ? Tout dépend dans quel camp on se situe.

R. Lauret


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