Tu vivras donc Daniel, tu vivras encore

20 septembre 2005

Ce samedi 17, mon cher Daniel, ce n’était plus à toi de faire. Tu aurais protesté si tu avais pu. Mais ce samedi-là, il avait été décidé que tu écouterais et entendrais monter du plus profond de nos corps le bruissement de notre douleur.
Tu ne t’y attendais sûrement pas, cette halle débordant de tes amis, de ceux avec qui tu as fait don à notre pays de mille et belles choses, cette halle où s’étaient réunis ceux et celles que tu as aimés, ceux et celles qui t’aimaient...
Tu ne t’y attendais sans doute pas, tous ces gens qui fixaient ton immense regard et ton sobre sourire sous tes cheveux bouclés livrés aux soleils et aux vents de la vie, tous ces gens aux yeux mouillés parce que ton départ non calculé les avait soudain plongés dans le carnet de ta route d’ici...
Tu ne t’y attendais pas... hein...?... qu’alors, ils surent dire, leurs voix brisées à parler de toi, alors que tu étais là, présent dans nos souvenirs et dans nos cœurs, tu ne t’y attendais pas qu’ils surent dire l’homme que tu as été, l’homme que, pas une seule seconde, tu n’as cherché à être, trop occupé à t’attacher à bousculer les pesanteurs et les conservateurs et à renverser la vapeur.
Tu ne t’attendais pas non plus à ce que les plus aguerris aux drames de la vie fussent à ce point, eux aussi, touchés, secoués, bouleversés, les yeux embués, inondés de toutes les larmes de leurs corps et de leurs souvenirs ravivés.
Non, tu ne t’y attendais pas, toi qui n’as jamais montré d’exubérante satisfaction tout au long d’une pleine vie de bâtisseur, toi qui sus garder pour toi ta tristesse et ta colère quand des médiocres décidèrent un jour que tu serais écarté de ton œuvre grandement reconnue et plus que jamais à continuer.
Tu ne t’y attendais pas, sans doute parce que, avec tes journées qui commençaient toujours et ne finissaient jamais, tu n’as pas pris un peu de temps pour te rappeler que chacune de nos naissances porte discrètement mais inexorablement sa certitude : notre mort. Sauf qu’entre l’alpha et l’oméga de nos existences, il y a ceux qui creusent un peu des traces de l’éternité. Ceux-là ne meurent pas, mêlés qu’ils sont à la grandeur de l’humanité. Tu fus de cette trempe là.
Tu vivras donc, tu vivras encore, Daniel...

R. Lauret


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