Un appel de plus en plus largement partagé et entendu...

12 janvier 2005

(Page 2)

Ignacio Ramonet dirige les pages du “Monde diplomatique”. C’est dire que ses réflexions sont toujours lues avec attention. Elles ne manquent généralement pas d’intérêt et “Témoignages” a eu raison, dans son édition du lundi 10 janvier, de nous offrir in extenso la lettre que l’éditorialiste parisien a fait paraître la semaine dernière. Il y est question de l’insuffisance des aides face à des besoins colossaux si l’on veut participer à la reconstruction des pays dévastés par le tsunami du Sud-Est asiatique et si l’on ne veut pas que l’émotion se substitue, finalement et dans la honte, à la politique.
Reprenons Ignacio Ramonet : "l’aide publique et privée promise aux pays touchés par le tsunami s’élève actuellement à environ quatre milliards de dollars"... Cette somme qui peut paraître importante est pourtant négligeable quand on sait que "le seul budget militaire des États-Unis s’élève, chaque année, à 400 milliards de dollars..."
Autre précision d’Ignacio Ramonet : "La dette extérieure de cinq des pays touchés par le tsunami s’élève à 300 milliards de dollars"... soit 32 milliards de remboursements annuels.
Reprenons :

- Quatre milliards de promesses privées et publiques pour aider les pays touchés ;

- Quatre cents milliards de budget militaire pour les seuls U.S.A. ;

- Trois cents milliards de dette extérieure pour cinq des pays touchés, valant 32 milliards de remboursements par an ;

Voilà les chiffres qu’il nous faut mettre en parallèle.
Ils permettent de bien étaler l’extraordinaire inégalité des situations qui prévaut dans le monde. Vraiment, il y a d’un côté ceux qui sont riches, très riches et de l’autre ceux qui sont pauvres, très pauvres.
Pendant ce temps, hier, se tenait à Genève une conférence des pays ayant promis des dons. C’est l’O.N.U. qui a provoqué cette réunion dont l’ordre du jour, tel que l’ont souligné les grandes chaînes d’informations du monde, est de demander que ces aides soient... versées effectivement et pas seulement sous forme d’équivalences qui ouvriraient la porte à toutes les spéculations et aux appréciations les plus cruelles sur la sincérité des riches de la planète, au moment où une prise de conscience universelle se fait jour pour rappeler, nous le disons à nouveau, que “l’émotion ne peut se substituer à la politique”.
Comment ne pas donner du poids à l’appel de plus en plus largement entendu et partagé pour une nouvelle solidarité planétaire, à l’instar d’un Alain Bénard, maire UMP de Saint-Paul, qui - sans vouloir minimiser la présente tragédie vécue en Asie du Sud-Est - invite la classe politique à "plutôt essayer d’élargir notre regard sur l’état du monde qui nous entoure", au moment même où à l’Ile Maurice des responsables politiques réunionnais font eux aussi avancer le concept de vulnérabilité des pays insulaires.
Car s’il est vrai, comme le soulignent par exemple certains chercheurs, que toute éruption volcanique provoque forcément un affaissement dans notre écorce terrestre, ce qui peut avoir des “effets tsunami”, notre île, mais aussi des centaines de petits pays maritimes dans le monde, sont en droit de penser qu’ils sont à tout moment susceptibles d’être confrontés à ce qui aujourd’hui fait l’actualité.
Et cela n’a rien de réjouissant, convenons-en !

R. Lauret


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