Un Grenelle du Sport ?

9 février 2008

Le Comité National Olympique et Sportif Français (C.N.O.S.F.) vient de faire à l’Association des Régions de France (A.R.F.) une double proposition : d’une part, inclure la formation des dirigeants bénévoles et salariés du monde sportif dans le champ de sa compétence régionale et, d’autre part, participer avec le mouvement sportif français à une bonne et la plus large possible définition d’une « Charte du Sport pour l’Environnement et le Développement durable ».
Je ne cache pas que les deux idées me semblent relever du bon sens.
La formation dite professionnelle, tout d’abord. On a trop eu tendance jusqu’à maintenant à la considérer comme réservée à ce qui permet d’avoir une compétence qui facilitera l’accès à un métier, dans le domaine de l’économie sociale ou dans celui de l’économie marchande. Les fonctions de dirigeants bénévoles contribuent pleinement à conforter la cohésion de notre société. Un dirigeant d’association sportive remplit un rôle dont personne ne songe à contester l’impérieuse nécessité. Ce dirigeant - bénévole la plupart du temps, parfois salarié de l’association - a besoin d’une formation de bon, voire de haut niveau, si nous voulons qu’il soit efficace dans la mission qu’il a choisie de remplir. Nos collectivités territoriales seraient pleinement dans leur devoir à assurer cette formation. C’est déjà le cas à La Réunion. Peut-être serait-il nécessaire d’aller encore plus loin.
Concernant, en deuxième point, les questions liées à « l’environnement et au développement durable », là aussi, le Sport peut être un partenaire d’importance. Le Sport n’est-il pas éducation, épanouissement de l’être humain ? N’est-il donc pas cohésion sociale et solidarité ? N’est-il pas également, sur l’ensemble des continents de notre planète, acteur de planification, d’économie durable, d’usage réfléchi de nos ressources dont nous savons qu’elles ne sont pas inépuisables ? N’est-il pas aussi exemple à constamment améliorer de gouvernance de la société ? N’est-il pas, en un mot, espace de démocratie vivante, généreuse, accessible, participative ?
Mais n’est-il pas également un fait de notre vie de tous les jours dont la beauté et la pureté sont menacées par les forces de l’argent qui rêvent d’en faire un objet pour business lucratif, quitte à multiplier les compétitions et à exposer les athlètes à la tentation du recours à des produits dopants ?
Enfin, le Sport n’est-il pas hélas devenu, dans certains pays, et notamment les pays en voie de développement, l’exutoire d’un nationalisme qui débouche sur les excès du chauvinisme ?
Une « Charte du Sport pour l’Environnement et le Développement durable » pourrait éveiller bien des consciences aux dangers qui menacent l’équilibre de notre humanité. C’est un énorme chantier qui s’ouvrirait devant tous ceux qui sentent que notre monde se fragilise quand les activités des hommes sont managées par les seules visées des pouvoirs financiers.
Voilà pourquoi je ne cache pas qu’il me semble qu’il est du bon sens même que les sportifs se mêlent de ce qui les regarde eux aussi...
Histoire de rappeler qu’ils n’ont pas que des muscles et qu’ils sont capables de générosité et du sens de l’intérêt général. En un mot, d’intelligence, pour être les militants actifs de ce que serait un « Grenelle du Sport ».

Raymond Lauret


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