Un samedi avec Daniel Gonthier et ce projet de Constitution...

23 mai 2005

(Page 2)

Ce samedi 10 heures 40. Le nouveau 747-400 de Corsair vient de se poser à Gillot. Sous des gerbes d’eau teintées aux couleurs de la vie qu’un comité d’accueil lui lance, il s’approche de l’aérogare. Je n’ai aucun goût pour les mondanités. Mais ce nouvel et magnifique appareil est un plus pour notre île. Il était convenable que le Conseil régional marque de sa présence l’événement. J’avais été désigné. C’est un honneur autant qu’un devoir.
J’ai un sincère plaisir à retrouver Jocelyne Bonnal, directrice commerciale de cette compagnie et installée à Paris. Nous nous faisons la bise. Elle n’a pas changé : tout à l’heure, à l’heure des (rapides) discours, elle sera celle qui dira le plus tout en parlant le moins. Je peux aussi saluer Danièle et Jean-Élie Albert, rayonnants et très à leur aise. Il y a, bien entendu, l’inimitable Armon Coupou, toujours gai comme un rugbyman pendant toute troisième mi-temps. Ça rit fort avec lui !

Et puis, je tombe sur Daniel Gonthier, le maire de Bras-Panon. Nous causons de “son” pôle espoirs cyclistes, et aussi de cet attachant garçon qui s’appelle Alexandre Boutié et qui a réalisé un petit chef d’œuvre de film sur les pêcheurs de bichiques de La Rivière des Roches et encore du tram-train. Il m’apprend, également, la voix grave, que lors de la journée réservée aux gens du 3ème âge, en pleine Foire agricole, une vieille personne a été foudroyée par un arrêt cardiaque.
"Dans de telles circonstances, me confiera-t-il, le rôle du maire reste de veiller à ce que brutalement tout ne s’arrête pas. Et que, pire, chacun ne se sente pas coupable de ce qui n’est jamais prévisible." Et de me dire qu’il a dû monter sur scène avec les petits vieux qui s’amusaient sans s’être rendu compte qu’un peu plus loin une ambulance se retirait bien tristement...

Ce même samedi, 19 heures 35... À la fin de la réunion publique à laquelle j’ai participé avec deux autres camarades, un auditeur me retient quelques instants. Son propos est clair : "Ou nana raison, i faut vote “non”, me dit-il. Dan’ “oui” là, n’a trop batailles !". Et de montrer qu’il a parfaitement compris que si M. Chirac a demandé à Bruxelles de retirer la directive Bolkestein, c’est bien qu’elle existait, foutor va ! Que si M. Hollande a dû s’engager à veiller à ce que le service public ne soit pas touché, c’est bien qu’il y a danger ! Que si l’on avait voulu “seulement” que Mayotte puisse être demain une R.U.P., il suffisait de le demander clairement plutôt que de généraliser, dans un sens comme dans un autre, la possibilité " de modifier, sur initiative de l’État membre concerné, le statut à l’égard de l’Union d’un pays ou territoire danois, français ou néerlandais" !

Et mon interlocuteur d’ajouter : "Gouvernements l’Espagne ek Portugal l’a pas agi comme ça pour les Canaries, les Açores ek Madère. À cause band’ Giscard ek Pascal Lamy la fait mette ça dan’ zot projet d’constitution ? Hein, à cause ? Qui ça la di à zot fait ça ?"
Et j’étais sincère quand je lui disais que je suis convaincu que ce n’est pas Jacques Chirac et que ce dernier a sans doute dû passer bien des savons à ceux qui, consciemment ou pas, ont laissé écrire cela, créant aujourd’hui une sacrée pagaille chez ceux qui prônent le “oui” et une légitime inquiétude chez les autres.
Allez... on le révise ce projet de Constitution ? On en fait une bonne, débarrassée de tous ces points qui heurtent un nombre désormais trop important de Français ?

R. Lauret


Signaler un contenu

Un message, un commentaire ?


Témoignages - 80e année


+ Lus