Un tel engagement, ce n’est pas rien...

25 janvier 2006

Ces deux voyous qui, dans la soirée de samedi dernier, ont abusé de la jeune femme qui avait accepté de les conduire de Sainte-Suzanne à Bras-Panon, vous ne souhaitez pas, vous, que les enquêtes qui ont été déclenchées aboutissent rapidement à leur identification ? Vous ne souhaitez pas, vous, que ces deux ordures soient alors poursuivies et condamnées d’une peine qui soit à la mesure de leur abominable forfait ? Moi si, surtout s’il devait s’agir de personnes que je connais... Au moins, personne ne chercherait à me soupçonner d’indulgence pour des proches qui se sont conduits comme des salopards.
Ce cri poussé du plus profond de nos tripes, je vous invite à vous rappeler que les 7 et 8 novembre de l’année dernière se tenait au Conseil régional un séminaire consacré aux “spécificités et aux perspectives d’Avenir de la Pêche dans les Régions ultrapériphériques”.
Autour des plus hauts responsables de la Direction Générale Pêche de Bruxelles, les représentants de la Guyane, de la Martinique, de la Guadeloupe, des Canaries, de Madère, des Açores et de La Réunion avaient pu longuement débattre de tous les aspects de ce secteur-clé des économies des régions insulaires.
Paul Vergès, pour sa part, avait insisté sur trois points majeurs : il avait déploré que, trop souvent, la tendance est de laisser le modèle européen influencer les choix dans l’organisation sociale et économique de la pêche dans les RUP ; il avait, ensuite, plaidé pour que Bruxelles accepte l’idée de la nécessité d’un travail en commun sur la base du partenariat ; enfin, il avait insisté pour que les démarches engagées soient pérennisées.
Les remarques des unes et des autres de chacune des RUP avaient débouché sur des demandes qui, toutes, visaient à ce que la problématique pêche dans nos régions soit totalement déconnectée de celle qui peut prévaloir pour l’Europe continentale, là où les mers ont été littéralement vidées de la ressource.
Ainsi, les RUP demandaient que les dispositifs de soutien à la flotte ne soient pas supprimés, qu’elles participent aux négociations sur les Accords de Partenariat Économique, que la lutte contre la pêche illégale soit intensifiée, que les pays riverains soient les premiers bénéficiaires de l’accès à la ressource, que la formation des hommes soit soutenue et amplifiée.
La directrice de la D.G. Pêche, Madame Léa Verstraëte, n’avait pas manqué de relever que chacune des demandes formulées par les RUP partait du bon sens.
Dans le procès verbal du séminaire, elle indiquait notamment que Bruxelles veillerait à ce que "la coordination, la complémentarité et la synergie entre tous les continents financiers relatifs à la pêche... seront assurées".
La lutte contre la pêche illégale sera, a-t-elle encore affirmé, encouragée et le Fonds Européen pour la Pêche (F.E.P.) saura mettre l’accent sur une politique ambitieuse de formation. Et puis, disait-elle encore, "la Commission évalue actuellement dans quelle mesure il convient de poursuivre ou de créer des dispositifs spéciaux pour répondre aux besoins spécifiques des RUP...". Un tel engagement, ce n’est pas rien.
Dès le 18 novembre, soit une semaine après le séminaire, le Président de la Région Réunion se félicitait auprès de la D.G. Pêche des conclusions de ce séminaire. Les démarches étaient aussitôt entreprises pour que, très vite, les RUP fassent avec Bruxelles le point sur l’avancée desdites conclusions.
Lundi prochain 30 janvier, les RUP et leurs trois états membres se retrouveront à Bruxelles pour aller plus loin encore dans la réflexion et partager les préoccupations de chacun.
Que ressortira-t-il de ces moments d’échanges et de travail alors que l’élargissement de l’Europe et les règles que l’Organisation mondiale du Commerce fait valoir ne plaident pas pour le plus bel optimisme ? Il est encore trop tôt pour le savoir.
On peut cependant se féliciter que l’initiative prise les 7 et 8 novembre 2005 aura permis, qu’au cœur de l’océan Indien, là où l’Europe dispose d’une de ses frontières avancées et actives, ait été posée et exposée une belle leçon de choses, notre pêche, ici même sur le terreau où se passe “...la chose”. Réfléchir sur la pêche dans les RUP en dehors de bureaux froids et éloignés de nos réalités insulaires, cela a sans doute bien fait avancer la nécessaire prise en considération de nos problèmes, dans un monde où les politiques ont beaucoup à apprendre et où les professionnels beaucoup à intégrer.

R. Lauret


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