Une affaire d’hommes... tout simplement

17 janvier 2005

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Hier dimanche au Palais de la Source et ce matin au Conseil régional se joue une partie non négligeable de l’avenir de notre île dans son environnement géopolitique. Les États membres de la C.O.I. tentent de définir le cadre dans lequel pourrait s’inscrire, pour la décennie à venir, un programme de co-développement dont nos îles de Madagascar, des Comores, des Seychelles, de Maurice et de La Réunion ont un urgent besoin.
Ce programme, s’il s’inscrivait dans l’ensemble des actions pour un développement durable tel que Paul Vergès l’a souligné à Port-Louis dans son intervention en conclusion de la Conférence des Petits États insulaires, pourrait illustrer “l’appel de l’Île Maurice” et "passer d’océan en océan pour être désormais le programme mobilisateur de nos volontés".

C’est bien en ce sens que ceux qui auront eu le privilège de participer aux rencontres d’hier et d’aujourd’hui à Saint-Denis de La Réunion doivent se savoir investis d’une espérance formidable, celle des peuples qui veulent s’en sortir et qui refusent l’égoïsme et la cécité des puissances qui dominent le monde.
C’est en pensant à tout cela que je revois et que je revis la rencontre à laquelle j’ai eu la chance de participer vendredi dernier, au Port.
L’avenir de mon île ne s’y jouait pas. Mais il s’y est passé quelque chose de fort, de symbolique, d’attachant.

Ce n’était que l’assemblée générale consultative du club de football de la ville. Ce n’était qu’une rencontre de gens de la base, mais dont j’ai pu sentir et comprendre qu’ils sont eux aussi porteurs d’un message d’espérance.
La Jeanne d’Arc appartient à l’Histoire d’une ville et même un peu à celle de notre île. Toutes les générations étaient là, emplissant de leur écoute et de leur approbation la grande salle de réunion de l’Espace Françoise Mollard où l’O.M.S. (Office municipal des sports) a son siège.
Nous leur disions qu’il fallait en finir, une fois pour toutes, avec ces statuts qui, pour reprendre Talleyrand, sont là pour "empêcher au nom du règlement et non pas pour permettre au nom du bon sens" ; qu’il fallait donc - au nom de ce bon sens qui manque trop souvent - en finir avec ces assemblées générales bidon où l’on dilue la responsabilité au point de favoriser l’émergence du pouvoir confisqué qui, une fois sur deux, aboutit au dépôt du bilan moral ; qu’il fallait préciser cette notion de la responsabilité et, comme le préconise l’historien Roger Martelli, "ne pas craindre le frisson qui nous prend quand il nous faut faire le pas vers la réforme qui s’inscrit dans la durée".

Que des dirigeants d’autres clubs de la ville aient répondu à l’invitation d’Alain Grétry et de l’O.M.S. du Port pour apporter leur contribution attentive et engagée afin que s’affirme une volonté de changer l’esprit - et donc la forme - de la gestion de nos entités sportives, cela valait - toutes proportions gardées, faut-il le préciser ? - ce qui va se passer au sein de la C.O.I., où il faudra passer le cap du frisson qu’entretiennent avec méticulosité les conservateurs de tous poils et de tous les horizons.
Ceux qui, avec Sergio Erapa (un des arrière-petits fils du premier président de la Jeanne d’Arc), ont pris l’engagement d’inscrire la vie d’un club dans une vision qui pourrait inspirer d’autres se sont en quelque sorte portés volontaires pour une démarche en bien des points similaire à celle que le président de la Région Réunion, au nom de la République française, proposera, sans nul doute, aux responsables de nos petits États de l’océan Indien d’inscrire dans leur démarche.

La comparaison que j’ai osée irritera certains et fera sourire d’autres. Je le sais et j’assume.
Elle pourrait aussi, je le souhaite, amener les autres à se dire que, en vérité, il n’y a jamais de petits engagements. Et les belles ambitions ne sont que des affaires d’intelligence et de générosité. De travail aussi... d’hommes, tout simplement.

R. Lauret


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