Vers un nouvel ordre sanitaire vraiment mondial ?

7 février 2006

La presse en a certes parlé, mais je ne crois pas inutile de revenir sur un point que l’épidémie de chikungunya a mis en lumière pour ceux d’entre nous qui n’avaient jamais pensé que la santé peut révéler les bas intérêts mercantiles de certains.
Entre ceux qui, activant une rumeur dans le but on ne peut plus honorable de la positiver, ont publiquement laissé entendre qu’un vaccin existe et M. Didier Houssin, directeur général de la santé qui répond qu’"il n’y a pas de vaccin exploitable contre le virus du chikungunya", il y a des réalités qu’il convient de retenir.
Tout d’abord, c’est Robert Edelman, professeur de médecine à l’Université de Maryland (États-Unis) qui affirme que, pour les besoins de l’armée américaine, un produit a bien été mis au point. Mais pas suffisamment pour "en tirer un vaccin qui répondrait aux normes de sécurité habituelle". Il manque à ce jour des études cliniques avec un nombre plus important de patients et "des essais en situation d’épidémie sur une longue période".
On peut - nous devons - supposer que le premier cas d’épidémie en “pays développé”, comme cela a été dit pour qualifier ce que vit actuellement notre île, va ouvrir, sous l’autorité des sommités scientifiques du monde, le dossier. L’OMS ne saurait rester sourde à notre cas d’école.
Car, et c’est la seconde réalité qu’il nous faut retenir, c’est qu’il semble bien que c’est parce que le chikungunya n’a concerné que des zones de pays sous-développés que les études et recherches n’ont jamais été poussées et n’ont donc jamais abouti à un vaccin "qui répondrait aux normes de sécurité habituelle..." Et Robert Edelman, nous dit le journal “Libération” du 1er février dernier, d’enfoncer le clou : la piste vaccinale se révèle de toute façon peu intéressante pour le chikungunya dont les épidémies sont "trop sporadiques, imprévisibles et touchant trop peu de gens".
Ça ne vous donne pas froid dans le dos, vous, à entendre que les produits de beauté vendus en pharmacies relèvent du domaine du rentable parce que visant une clientèle de pays riches pendant que vous n’y trouverez pas les médicaments susceptibles de sauver des vies d’êtres humains de pays pauvres ?
Ce qui m’amène forcément à la troisième réalité : notre île, grâce notamment à ses organes de presse qui ne s’y sont pas trompés quand ils ont “osé” poser le problème en des termes qui ont choqué certaines oreilles, vient, espérons-le, de secouer le cocotier de l’indifférence de certaines puissances pour lesquelles il y a des humains qui sont moins égaux que d’autres. Et dire que ce sont ceux-là mêmes qui, en toutes circonstances, nous parlent, la main sur le cœur, de Droits de l’Homme, de démocratie, de liberté... Aujourd’hui qu’il n’y a plus de Réunion “île sanctuaire” et que, toujours selon M. Laurent Cayrel, "les pouvoirs publics doivent redimensionner leurs politiques à l’échelle des enjeux", exprimons le souhait qu’un nouvel ordre sanitaire vraiment mondial s’impose très vite...

R. Lauret


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