Vertige et cynisme...

10 décembre 2005

M. Bernard Accoyer est président du groupe UMP à l’Assemblée Nationale. Il s’agit du groupe qui y détient à lui tout seul la majorité absolue et qui peut donc faire passer ce que l’on appelle une loi. Une loi, et même n’importe quelle loi.
Alors que de partout, en France et outre-mer, monte la désapprobation de cet article 4 de loi n° 2005-158 du 23 février 2005 qui décrète que "les programmes scolaires reconnaissent en particulier le rôle positif de la présence française outre-mer", pour M. Bernard Accoyer il n’est "pas question de revenir sur une loi votée par les deux Assemblées".
Je suis convaincu que cet article 4 sera très rapidement abrogé par ceux-là mêmes, en tout cas par une majorité d’entre eux, qui l’ont voté. C’est le bon sens, c’est la logique républicaine, c’est l’enjeu de la démocratie réelle.
Mais ce sont les propos du chef des troupes UMP, dans ce qu’ils ont de péremptoire et définitif, qui choquent et nous ouvrent les yeux.
Pour ce monsieur, la question est simple : qui c’est qui détient l’absolue majorité ? Dès lors que c’est l’UMP, alors "il n’est pas question de revenir" sur ce qu’il a décidé. Le motif, le seul motif : l’UMP est capable, à elle seule, de faire ou de ne pas faire voter. Puisqu’elle a la majorité à elle seule.
Les dernières élections - régionales et constitution européenne - ont pourtant montré qu’il n’y a rien de plus aléatoire qu’une majorité (fut-elle absolue) acquise à un moment donné. Ah ! bon... Justement, il faut profiter qu’on a (encore) la majorité (fut-elle parlementaire) pour faire de la loi ce que désire notre bon vouloir.
Pour M. Accoyer, puisqu’on a le pouvoir, on règne. Même contre le courant du bon sens.
Hier, c’est exactement ce qui s’est passé avec le F.R.D.E. dont une majorité parlementaire a décidé de modifier les règles de répartition alors même que le bon sens du développement passe par le développement du bon sens : un F.R.D.E. qui disposait d’une force d’intervention réelle, c’était autre chose que l’émiettement en 25 parts, quatre communes s’offrant il est vrai le jackpot à elles seules !
Ce matin, au Sénat, la même farce nous est jouée avec, à la place de M. Accoyer, le sénateur-maire de Saint-André, votre seigneurie Jean-Paul Virapoullé. Ce sont les crédits du F.I.R.T. qui vont être sur le grill. M. Virapoullé a décidé de casser de la Région. Il est puissant. Nous le savons. Il a le pouvoir de bloquer le progrès. Il y a des élections bientôt. L’urgence doit l’emporter sur le long terme : il faut gagner les élections.
C’est le vertige du pouvoir. Le vertige, mais pas seulement. C’est aussi du cynisme. De ce cynisme dont Bruno Geoffroy a bien raison, dans une réflexion qu’il avait hier dans le “Quotidien”, de souligner qu’il nous fait parfois "avancer vers le futur en reculant".

R. Lauret


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