Voilà pourquoi, mon cher Idriss...

6 août 2005

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Dans "le Quotidien” d’avant-hier, Idriss Issa consacre son billet d’humeur au film que Tempo a diffusé mercredi soir et dans lequel le cinéaste Costa-Gavras retrace l’ambiance qui prévalait dans la Grèce “des colonels” dans les années 1960. “Z” est le titre de ce film qui a longtemps fait l’objet, sur notre sol, de mesures de censure.
J’avais vu le film au tout début des années 1970 et je me rappelle que l’atmosphère qui y prévalait avait d’étonnantes similitudes avec ce que nous connaissions encore, peu d’années auparavant, avant, pendant et après les bagarres électorales qui méritaient bien leur nom. Nous avions applaudi, debout et longuement, cette œuvre qui osait témoigner, à partir de ce qui avait été vécu en Grèce, de ce que nous avions connu ici, à La Réunion.
Grigoris Lambrakis, député pacifiste que l’on traitait alors de “communiste” comme pour mieux expliquer qu’il relevait de la salubrité publique qu’il soit et qu’il fut assassiné, le sera froidement, devant d’importantes forces “de l’ordre” scrupuleusement passives et consentantes.
Idriss Issa en a donc fait le sujet de son (excellent) billet d’humeur tout en lançant une pique à “Témoignages” dont il se demande s’il "en fera également sa “une” et invitera les Réunionnais à regarder" “L’Aveu”, lorsque RFO diffusera cet autre film que Costa-Gavras a consacré à "la torture et aux procès staliniens dans la Tchécoslovaquie des années 50".
Je voudrais rassurer mon ami Idriss Issa. Oui, de “L’Aveu”, j’en parlerai, lorsque ce film sera programmé, et j’inviterai les Réunionnais à le regarder. Mon invitation, bien entendu, n’aura que l’impact de notre petit journal, mais j’ose penser qu’elle indiquera à tous ceux qui se posent en défenseurs d’une certaine attitude, que l’on ne peut pas avoir ressenti de la colère en voyant agir les comportements fascistes des colonels grecs et ne pas condamner avec la même vigueur ce dont ont été capables les fascistes qui muselaient et torturaient l’opposition dans certaines sphères dirigeantes de certains pays de l’Est.
Pour que Idriss Issa n’ait aucun doute sur mon souci de condamner les tortionnaires quels qu’ils soient, je voudrais citer ici celui qui, interrogé sur "ce rêve (d’une société idéale) vécu dans des conditions extrêmement difficiles et menaçantes", disait qu’il "s’est finalement transformé en cauchemar et (que) le rêve lui-même s’en est trouvé souillé".
Et cette personne poursuivait : "Je pense que le mot qui convient le mieux pour caractériser ce qui s’est passé dans les pays de l’Est européen et se passe dans l’ex-URSS, c’est celui de “faillite”".
Et d’ajouter : "Oui, faillite sur le plan économique... Faillite sur le plan culturel... Faillite politique... Faillite sur le plan social également, avec le gaspillage de valeurs humaines considérables à qui finalement, toute perspective de promotion sociale est fermée... (faillite dans) les chances données à l’épanouissement culturel individuel pour participer à l’avancement de la société dans tous les domaines".
Ces propos de Paul Vergès, je les partage. Pleinement.
Voilà pourquoi, mon cher Idriss, “L’Aveu” tout autant que “Z”, doit être regardé, compris par tous, et même par ceux qui aujourd’hui s’interrogent sur les raisons pour lesquelles le président des USA, Harry S. Truman, donnait en août 1945 l’ordre de lâcher les premières bombes atomiques sur Hiroshima et Nagasaki au motif qu’il n’y avait que 210.000 civils japonais à tuer alors que, viser Kyoto, aurait, devant la grande Histoire, sali l’image de marque de la prude et triomphante Amérique.

R. Lauret


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