Y’aurait pas une petite erreur quelque part, là-dedans ?

27 avril 2005

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Faut-il être surpris que, selon le sondage Ipsos sur les intentions des Réunionnais pour le référendum du 29 mai prochain, 80% des électeurs de droite ont l’intention de voter “oui” ? Non, bien sûr que non.
Faut-il être surpris que, selon ce même sondage que publie le “JIR” d’hier, 57% des électeurs P.C.R. se prononcent pour ce même “oui”. Euh... Ben... Y’aurait pas une petite erreur quelque part, là-dedans ?
Il ne s’agit surtout pas de prétendre que les gens d’Ipsos se sont "gourés” ou, pire, qu’ils ont “traficharcuticoté” les résultats. Un institut de sondage se doit une certaine déontologie et ce qu’il restitue découle de ce qu’ont répondu à ses enquêteurs les personnes sondées.
Je crois qu’il faut - dans ce cas-là comme dans d’autres situations - donner à un sondage toute sa signification, mais rien que sa signification : une image à un moment donné d’une situation susceptible encore d’évoluer, dans un sens, dans l’autre sens, avec d’autres considérations.
Bien sûr, quand le sondage est favorable au point de vue que vous défendez, vous pouvez vous sentir satisfait. C’est normal. Mais gardez-vous de vous endormir alors. Rappelons-nous avril 2002 et l’élimination de Lionel Jospin dès le premier tour des élections présidentielles. Qui aurait parié là-dessus, un mois avant ?
Pour revenir à ce référendum du 29 mai prochain (dans un peu plus de quatre semaines), un certain sentiment veut que, à la date d’aujourd’hui, beaucoup de Français, de l’hexagone comme de La Réunion, sachent enfin que derrière ce projet de Constitution qui a été préparé en catimini, il y a un choix de société qui se profile et qu’il y a à choisir en fait entre l’Europe des capitaux et celle des peuples. Choix au fond, s’il en est.
Des comportements déjà sensibles de notre économie largement délocalisée pour mieux répondre aux exigences de la mondialisation sont maintenant mieux appréhendés. On a beaucoup parlé de la directive Bolkestein dont peu de personnes savaient qu’elle était un des piliers de ce projet de Constitution qui place en son centre l’idée que la concurrence doit être libre et qu’elle ne saurait être faussée. Tout récemment, Michel Séraphine, de la Fédération des Syndicats Port et Docks, levait le voile qui camouflait une autre application des orientations prônées par l’ex-commissaire européen. Il s’agit ici de "la directive sur les services portuaires", dite directive Loyola de Palacio, qui applique la philosophie du pays d’origine aux salariés des ports. Joli petit nom d’emprunt de la directive : "clause d’auto-assistance". Il s’agit ni plus ni moins d’autoriser les armateurs à utiliser des entreprises de dockers de leur choix, "voire même de créer leurs propres entreprises de chargement du fret." Si un tel truc devait aboutir, vous imaginez les dockers qui se laisseraient faire, vous ?
Et si demain, hypothèse d’école, parce que l’argumentation simpliste de l’alimentaire aurait porté, l’Europe devait faire le choix du "modèle américanisé", ceux qui aujourd’hui tirent la sonnette d’alarme, seront en droit de montrer du doigt les responsables des régressions sociales qui pourriront une Europe où "on aura rasé tout ce qui dépasse" et fait de notre petite région un bateau qui partirait à la dérive.
Il faudra alors, comme cela a toujours été, encore et toujours réfléchir aux luttes à mener parce que telle est la vie, depuis des temps et des temps...

R. Lauret


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