Zizou, pour rappeler qu’être pauvre...

27 décembre 2004

(Page 2)

Il y a de l’angélisme dans le regard et dans la démarche de ce grand et timide garçon, qui donne l’impression de ne pas appartenir au monde des intérêts qu’il suscite ou provoque.
On le sent sincère et ému quand il s’approche de ces enfants dont les hôpitaux sont les lieux de rendez-vous réguliers et obligés... On le devine sensible à toutes les formes de détresse humaine autant qu’on le croit volontiers heureux de donner, à tous les gamins qui l’approchent, une caresse qui restera pour eux un signe de la complicité que leur grande idole les invite à cultiver.
Que mes nombreux amis chrétiens me pardonnent l’audace d’une comparaison qui dépasse ma pensée. Durant ces heures où la naissance du Christ s’est oubliée derrière la marchandisation sans limite désormais offerte à nos enfants de tout ce qui peut encore, et pour un bref instant, les ravir de joie, la démarche de Zizou a pu me paraître comme une sorte de main tendue et de sourd appel pour rappeler qu’être pauvre n’est peut-être pas forcément une malédiction.
La tristesse de son sourire, la distance qu’il prend avec la fête, sa recherche de la plus totale des discrétions sont-elles les marques indélébiles d’une enfance malheureuse ou bien la certitude que le monde dans lequel nous vivons vaut la peine dêtre défendu, si tous les pauvres n’oublient jamais leur origine ?
Trop de fortunes se sont faites sur son nom. Cet argent qui déborde, ces hôtels entiers qu’on lui réserve, ces menus de roi servis pour lui faire honneur me semblent à l’opposé de ce qu’est Zizou, dont on a envie de croire qu’il a - et de loin, et à tout le reste - préféré le cirque de Mafate, ses habitants et... toutes ses légendes.
Mon Dieu, faites bien que je voie juste.

Raymond Lauret


Signaler un contenu

Un message, un commentaire ?


Témoignages - 80e année


+ Lus