Le patronat et la grande distribution absents des tables-rondes

La Réunion : négociations suspendues

Le COSPAR maintient la mobilisation

7 mars 2009

Ce samedi 7 mars, au lendemain de premières négociations où représentants du patronat et de la grande distribution ont fait des propositions loin de correspondre à la plateforme revendicative du COSPAR, plusieurs opérations coup de poing ont été déclenchées par le Collectif d’organisations syndicales, politiques et associatives de La Réunion. Elles ont entraîné la fermeture provisoire de plusieurs grandes surfaces un jour de grande affluence. Sur la base de ces faits, le patronat et la grande distribution ne sont pas venus discuter avec le COSPAR à la préfecture. Le COSPAR dénonce une attitude méprisante et appelle à amplifier les opérations coup de poing. Les négociations sont prévues dimanche, mais la grande distribution et le patronat persévèreront-ils dans la même attitude ? Il restera alors 48 heures avant mardi, date de la journée de grève générale et de manifestation.

La deuxième journée des tables-rondes sur les salaires et le prix a été marquée par l’absence du patronat et de la grande distribution au rendez-vous avec le COSPAR et l’Etat. Concernant les loyers dans le parc social, les discussions se poursuivent, avec comme point de départ la revendication du COSPAR de geler les loyers.

Mais pour deux autres dossiers, la hausse des bas salaires et des minima sociaux de 200 euros d’une part, et la baisse de 20% des prix de produits de première consommation d’autre part, les discussions n’ont pas avancé. Un interlocuteur était en effet absent de la table des négociations.

Conformément à ce qu’il avait annoncé après la grève générale de jeudi dernier, le COSPAR a lancé des opérations coup de poing à Saint-Benoît, Saint-André, Sainte-Suzanne, Sainte-Marie, Saint-Denis et Saint-Pierre. Elles visaient les grandes surfaces. Plusieurs magasins ont décidé de fermer leurs portes. Les représentants de la grande distribution et du patronat ont alors indiqué qu’ils ne voulaient pas discuter tant qu’il y aurait des blocages de magasins.

Au-delà des faits

Il est à noter que ce samedi, c’était la première journée d’ouverture de la nouvelle enseigne Leclerc, qui veut se positionner comme étant la chaîne la moins chère. Cela explique pourquoi de nombreux Réunionnais faisaient la queue une heure avant l’ouverture de ces magasins pour voir si cette annonce se vérifiait. À cet engouement conjoncturel s’ajoute quelques faits qui apportent un éclairage.

Ce samedi est une journée où les grandes surfaces font sans doute leur chiffre d’affaires le plus important du mois. C’est en effet là que les allocataires de prestations sociales touchent leurs revenus, ce qui concerne une grande partie de la population du pays. Or, pour les Réunionnais, dès que le revenu est disponible, il est utilisé pour subvenir aux besoins immédiat, c’est-à-dire aux achats de produits de première consommation dans les grandes surfaces. De plus, l’appel à la grève générale reconductible pour mardi a amené des Réunionnais à anticiper leurs achats ce samedi.

Ensuite, si un accord sur la base des revendications du COSPAR est signé, c’est-à-dire une baisse de 20% de 500 articles de première consommation, alors cela veut dire que ce samedi est le dernier où les Réunionnais sont obligés de payer le prix fort pour faire leurs achats. Le prochain samedi, ce sont sans doute d’autres prix qui s’appliqueront, avec une marge plus faible à la clé pour la grande distribution.

Tout cela peut peut-être entrer en ligne de compte dans un notable changement d’attitude.

Appel à la grève générale mardi

Ce samedi, le COSPAR était donc bien présent à la préfecture à la différence de la grande distribution et du patronat. Cette absence a soulevé l’indignation. Les absents justifient leur refus de discuter en indiquant qu’ils ne veulent pas de pression. Ivan Hoareau, porte-parole du COSPAR constate que les interlocuteurs absents choisissent l’épreuve de force. D’ores et déjà, le collectif annonce que la mobilisation va s’amplifier. Le mot d’ordre de grève est toujours maintenu pour mardi, avec un appel à manifester.
Des discussions sont prévues ce dimanche, mais patronat et grande distribution reviendront-ils ce jour là à la table des négociations ?

La mobilisation massive des Réunionnais a permis de créer un rapport de force obligeant à l’ouverture de négociations sur l’application de mesures pour faire face à l’urgence sociale. Dans ces conditions, l’absence d’interlocuteurs à la table des négociations n’est pas de nature à contribuer à la sérénité des débats, et amplifie l’exaspération de ceux qui ont un besoin vital d’amélioration de leur situation immédiate. Dans le dossier logement, tout le monde discute et un accord peut se construire. Cela montre qu’il est capable de chercher ensemble une solution dans le dialogue.

A partir de dimanche, il restera moins de 48 heures pour que les partenaires parviennent à un accord sur les loyers, une hausse des salaires et une baisse des prix des produits de première consommation. Passé ce délai, ce sera le début d’une grève générale.

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