Point de vue

Au Mali commence pour le nouveau président le vrai parcours du combattant

21 août 2013

Le tout Mali attend comme toute l’Afrique cet homme exceptionnel qui apportera la paix et œuvrera pour la démocratie et le progrès du peuple malien. Le 16 août 2013, les élections présidentielles maliennes nous ont donné à un pourcentage très élevé l’homme prodige en la personne d’Ibrahim Boubacar Kéita, IBK pour les intimes. Tout repose désormais sur lui et il ne doit pas décevoir.

La victoire d’IBK sur son rival lui donne les coudées franches pour faire face aux nombreuses attentes des citoyens maliens et africains qui en ont assez des maux dont souffrent les pays de la sous-région Ouest-africaine. Clientélisme, division ethnique, régionalisme, féodalisme, catastrophisme et la mauvaise gouvernance. Alors que le Mali regorge de ressources minières indispensables pour son développement économique, on constate que la répartition de ses richesses reste inégale et certaines couches ou régions sont privées des retombées économiques. Des revendications ethniques, surtout des régions périphériques, se font entendre, et parfois se soldent par des actions très violentes indescriptibles et insoutenables.

A plusieurs reprises lors de sa campagne, IBK déclarait que sa première tâche après son élection serait « la réconciliation ». Il avait donc tout compris, qu’un dialogue doit se tenir avec toutes les composantes de la communauté et la minorité touarègue longtemps marginalisée. Aujourd’hui, il est donc attendu sur ses actes, ce ne serait plus des mots, mais il doit passer à l’agir éthique. C’est la mise en pratique d’une vie bonne qui exige une pratique de la sagesse politique qu’il lui faut. La transformation de cette victoire en rêve est ce qu’on attend du nouveau chef de l’État pour donner un nouveau souffle au nouveau Mali. IBK pourra compter sur le soutien de la communauté internationale qui a salué son élection. Mais IBK sait que cette même communauté porte toute sa confiance en lui et il n’a pas le droit de la décevoir, vu que la tâche à accomplir est rude et demande beaucoup de professionnalisme dans un cadre strictement démocratique et surtout dans la transparence. Le moment n’est plus à l’amateurisme, et s’il échoue, non seulement il aura trahi le monde entier, mais enliserait dans la pauvreté son pays qui ne demande qu’à émerger de ces maux. Il va devoir s’atteler à relever le pays et réconcilier un pays meurtri et plus que jamais divisé, après plus de 20 mois de crises politique et militaire. IBK sera ce magicien qu’on attend pour donner à rêver, et à rêver grand autrement par rapport à ce qui est déjà là. Il doit savoir donner une image reluisante de son pays par la reconstruction et le recouvrement de la dignité de son peuple. On attend de lui qu’il instaure une vraie démocratie qui intègre la bataille des idées. C’est le choix de la rupture avec les pratiques gouvernementales contre-productives qui sera déterminant dans la réussite de la tâche ardue qui attend le nouveau président de la République malienne élu. La résolution de la crise du Nord, longtemps négligée et oubliée parmi les régions périphériques, appelle d’urgence à une conférence nationale réunissant toutes les forces vives de la Nation, y compris toutes les factions touarègues protagonistes de la crise, pour offrir un cadre serein de débat national. L’État de droit doit être rétabli afin de protéger la population contre les craintes d’attentats jihadistes. Lorsque les collaborateurs seront choisis sur la base des valeurs et des compétences et non plus sur des bases ethniques, et aussi avec les hommes qu’il faut à la place qu’il faut, le Mali décollera dans la paix et dans la prospérité.

Le lourd fardeau qui pèse désormais sur le dos d’IBK est de ne pas décevoir l’espoir que placent en lui tous les Africains qui souhaitent à travers sa gouvernance faire redéployer les forces économiques. Sa loyauté et sa probité dans une nouvelle forme de gouvernance attachée à la transparence et aux respects des lois et des organes de direction du pays sont vivement souhaitées. D’IBK se formerait la nouvelle politique africaine qui fera des compétences ses ressources, et non plus d’une politique qui fait le jeu des intérêts personnels. La mise à l’écart des hommes en disgrâce de la culture démocratique, des manipulateurs à motivation hégémonique jouant le régionalisme, pour naturaliser les inégalités et les injustices politiques, contribuera à l’éradication du système de castes, de division ethnique ou régionaliste, des avantages et intérêts sociaux et économiques mis en place par les mœurs politiques. Ce système qui laisse une infime partie de la population concentrer le pouvoir et l’économie en leurs mains, au détriment de l’intérêt général. Le Mali est un État souverain, riche de ses hommes et de ses nombreuses matières premières, il veut compter sur son président élu qui, par preuve d’actions étiques, éloignera du monopole et de la main-mise sur l’administration publique les citoyens mafieux, ennemis du peuple, ces adeptes du non-développement.

Autrement dit, IBK doit sauvegarder les intérêts de la collectivité nationale par la mise à l’honneur des exigences de la rationalité légale et économique, des principes d’égalité et de justice sociale. Le principe d’équité et d’égalité de l’État marquera fortement la capacité du nouveau Mali à relever le nouveau défi dans la discipline et dans la solidarité. C’est ainsi que sa victoire aux élections présidentielles mériterait à être le modèle de choix incontestable pour les pays de la sous-région, qui manquent d’exemples de leader, en faisant un pas en avant et deux en arrière.

Bienvenu. H. Diogo


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