Point de vue

L’École, le rythme scolaire, on s’en moque

17 août 2011

Les ministres successifs, de droite comme de gauche, n’ont jamais cessé de promettre au nom de la « réussite scolaire » d’organiser au mieux le rythme scolaire, pour le bien-être de tous. Aucun ne déroge à la règle. Tous émettent à chaque fois l’ardent désir de solutionner l’épineux problème qui doit mettre d’accord enseignants, parents d’élèves et l’industrie touristique. Mais force est de constater que les bonnes intentions ne sont jamais suivies d’effets.

A chaque fois, peu avant les grandes vacances, les ministres de l’Éducation nationale nous habituent au répétitif son d’organisation de consultations et de concertations du monde éducatif, pour faire aboutir des décisions, qui s’appliqueront, s’il y a consensus, lors de la prochaine rentrée scolaire. Un discours que nous avons maintes fois entendu de la part de nos précédents ministres. Luc Chatel, l’actuel locataire de la rue de Grenelle, ne déroge pas à la règle. Il nous soumet à des « si », émettant des hypothèses, employant des conditionnels, comme ne se sentant pas concerner par la problématique. Une fuite en avant savamment organisée pour remettre aux calendes grecques ce qui relève de l’urgence. De cette manière, il pourrait attendre tranquillement un éventuel remaniement ministériel où il changerait de poste, ou tout simplement une nouvelle élection présidentielle, où on aura l’occasion de commander un énième rapport sur ce serpent de mer à la française.

Luc Chatel, le même qui avait demandé en mars 2010 à ses services d’« encourager » le mercredi matin travaillé, a fait marche arrière, découvrant « complexe à mettre en œuvre » ce qui mériterait d’être approfondi. Quel talent ! Quel mérite de notre ministre ! Franchement, on s’aperçoit que rien ne se fait pour bannir cette absurdité française, qui consiste à avoir le moins de jours de classe travaillés et les journées plus longues et fatigantes.

Aujourd’hui, tout porte à croire que l’avenir de nos jeunes scolarisés intéresse très peu ceux qui nous gouvernent. L’écart entre les discours bien intentionnés d’un chef qui veut diviser « par 3 le nombre d’élèves en situation d’échec à l’entrée en 6ème » et ce qui en est de la réalité est édifiant. Il n’y a que des effets d’annonce. On entend ici et là dire que Luc Chatel envisage un raccourcissement des vacances d’été pour l’année scolaire 2013-2014. Pourquoi attendre encore très longtemps alors qu’il y a urgence ? Doit-on attendre de sacrifier des générations avant de prendre à bras-le-corps le problème ? Le tableau des rythmes scolaires dans les écoles primaires au sein des pays de l’Union européenne suffit pour se rendre compte de l’urgence des initiatives à prendre. Les statistiques de l’OCDE* nous classent parmi les pays où le volume d’heures de cours quotidiennes d’un écolier est élevé, lorsqu’on observe le nombre d’heures par jour travaillé par rapport au nombre de jours de cours par semaine.

Il est temps que cesse la langue de bois, que des initiatives soient prises pour améliorer le quotidien des écoliers. Et pourquoi ne pas envisager par exemple dans l’aménagement du temps de travail le cours le matin, le sport et la musique l’après-midi ? On prétend que cela coûterait cher, nous disons, au contraire, que cela nous reviendrait moins cher que les frais engagés dans le conflit en Afghanistan. Cette réforme du rythme scolaire paraît nécessaire pour rétablir l’égalité des chances et réduire ainsi l’écart entre les « mauvais élèves » et l’« élite ».

* Sources : Eurodyce, OCDE

Bienvenu H. Diogo

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Messages

  • D’après vous donc, on sacrifie depuis des décennies les écoliers à cause d’un soit disant mauvais rythme scolaire, pour ma part je n’ai pas le sentiment d’avoir été sacrifié par ce rythme scolaire. Il est certain que le passage en primaire d’un semaine à 4 jours n’est pas bénéfique et que cette erreur de l’actuelle gouvernement doit être revue et corrigée(il faut repasser sur 4,5 jours ou 5 jours) . Par contre honnêtement le sujet des rythmes scolaires et un écran de fumée, il y plein d’éléments beaucoup plus graves et inquiétants à modifier si on veut améliorer l’école. Les conditions de travail dans les écoles sont déplorables et c’est là le coeur du problème : manque de moyens dans tout les domaines, classes surchargées, profs méprisés sous payés épuisés découragés, embauche de personnels précaires en grand nombre, discipline inexistante dans beaucoup d’établissement, horaires en français et mathématiques réduites sans cesse.

    Pour être moins fatigué, les enfants devraient déjà commencer par diminuer leurs heures devant la télé et leur console vidéo, se coucher à une heure correcte. Mais là on se frotte à la toute puissant télé qui a bien plus de pouvoir que l’industrie touristique.

    Je ne pense donc pas que fatiguer davantage nos élèves en réduisant leur vacances, en allongeant leur semaine et leur journée(comme le préconise le rapport sur les rythmes scolaires), que s’attaquer une fois de plus aux conditions de travail des enseignants en réduisant leur congés, qu’empêcher les familles de couples divorcés de voir leurs enfants pendant les congés soit la solution ni même une solution pour améliorer le système éducatif. Attaquez vous aux vrais problèmes et c’est pas ce qui manque !

    • En tous cas le résultat des écoliers poussés vers la sortie qui vient grossir le nombre des illéttrés donne-t-il le sentiment d’un sacrifice sur l’autel de La République.
      Le langage utilisé n’est que le reflet d’un sentiment bourgeois de "l’arrêt publique".
      Pour La Réunion, peut-être que quand " nout kozeman " sera reconnu, quand va laisse à nou tranquil avec sa, le sentiment de citoyen s’inscrira mieux dans la Constitution ce qui n’est pas le cas, jusqu’ici.
      Car pour le moment ni Florent, ni moi, avec seulement 2 commentaires ne peuvent d’un coup de baguette magique faire évoluer quelque situation que ce soit.


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