Point de vue

L’errance ou la promenade dangereuse des idées

14 mars 2012

L’immigration, l’identité nationale, la religion, la viande halal sont depuis peu les mots des discours qui tournent en boucle pendant cette campagne présidentielle, au point qu’on se demande si les dirigeants politiques nationaux sont véritablement en phase avec le peuple et s’ils l’écoutent réellement.

Depuis quelques semaines, certains dirigeants politiques nous parlent dans leurs projets pour la société d’immigration, de religion ou de viande halal. Ces mêmes politiques s’immiscent dans les affaires religieuses, en violation des principes de la laïcité, chèrement défendus au prix du sang et des larmes des révolutionnaires et philosophes, qui ont ramené la paix et la sérénité à des moments troubles de notre histoire nationale. Les années mémorables de l’Histoire 1789, 1830, 1848 et 1870 doivent nous rappeler aux souvenirs et à la nécessité de rassemblement.

Quelques fois, c’est de l’identité nationale qu’on nous parle, quand on ne nous entretient pas sur la viande halal, pour nous expliquer les problèmes de la dette publique, de sécurité sociale et de chômage. Si le Français et la France vont mal, c’est parce qu’il y a des immigrés, dont le nombre dépasse l’effectif total de la population nationale. Au peuple, qui ne se soucie pas des rites de l’abattage de la viande, mais des conditions d’hygiène, on lui fait croire qu’il serait malade lorsque la viande est tuée par les compatriotes de confession musulmane. On crée et on entretient sciemment un climat de méfiance et de suspicion entre les communautés religieuses du pays, et nous interrogeons sur le but de la manœuvre. Un débat inopportun et stérile, qui ne pose pas les vraies raisons de la dette, qui ne propose et ne traite pas les vrais problèmes de chômage, de l’emploi, de la retraite, et surtout de la formation des jeunes. Un jeu dangereux dont seuls seront comptables ceux qui se font pour dessein d’opposer les citoyens en renversant la concorde et l’entente qui ont bâti l’unité de la nation. Cela est d’autant plus périlleux qu’il souille les principes fondateurs de la nation. Les esprits malveillants qui n’ont plus rien à proposer pour parer à nos urgences sont donc priés de se taire. Mieux serait pour eux comme pour les citoyens d’entendre ceux qui ont des propositions nouvelles à faire pour sortir le pays du marasme économico-politico-financier qui le place dans l’immobilisme.

L’immigration est une chance pour la France. La force d’un pays se mesure par sa capacité à accueillir, à insérer l’étranger dans sa société. La France a toujours eu une grande tradition d’accueil et c’est grâce à l’apport de ce sang nouveau de valeurs inestimables qu’elle peut être fière de son rang de grande nation mondiale. Ce serait une erreur de vouloir stigmatiser l’autre, qui ne demande qu’à vivre et à partager sa culture avec la nôtre. Aucun pays, aucune civilisation, à l’heure de la mondialisation, ne peut vivre avec ses frontières hermétiquement fermées. Cela ne veut pas dire qu’il faille ouvrir le pays à tout venant ou qu’on fasse appel à la migration étrangère. Mais les raisons économiques et financières imposent par pragmatisme des échanges gagnants. Ces échanges et cet accueil ont permis à la Chine, jadis fermée, de s’ouvrir aux autres et de venir à la rescousse de l’Europe fortement endettée. Les frontières, nulle part au monde, ne peuvent être fermées, et ce n’est pas la présence de l’immigré qui empêcherait le Français de bien vivre, de bien se soigner, de bien s’instruire, de bien se loger, de bien se vêtir. Satisfaire ces cinq besoins fondamentaux de l’homme-citoyen dépendra des visions claires et constructives de ses dirigeants politiques, qui doivent, pour être crédibles, éviter les amalgames, respecter la laïcité et ne pas jouer avec les sentiments du peuple. Tout compte fait, on doit se mettre à l’idée qu’avec la globalisation, tout individu, même immigré, vivant et payant ses impôts en France peut, du moment qu’il reconnait avoir des droits et des devoirs vis-à-vis de la Collectivité et de la République, se prétendre Français. Sauf qu’il ne peut se dire Breton quand il vit à Paris. C’en est exactement pareil pour ceux qui vivent à l’île de La Réunion, qui peuvent se déclarer Français réunionnais sans vouloir prétendre être des Créoles. Les uns comme les autres, tous contribuent à faire avancer les idéaux du progrès dans l’espace qui les accueille et où ils vivent.

Le peuple attend des hommes politiques plus de responsabilités. Il ne souhaite pas qu’on le divertisse par des digressions. Il attend d’eux qu’ils soient capables de lui proposer un emploi, qu’on traite en profondeur des soucis de sa retraite et de la formation de sa jeunesse dépitée et désespérée.

Bienvenu H. Diogo


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