L’héritage de Mandela mérite d’être transformé en actes
Nos condoléances à la famille Mandela et au vaillant peuple sud-africain

11 décembre 2013

Homme d’exception, stratège politique, combattant magnifique, homme irremplaçable, tels sont quelques-uns des thèmes des hommages que nous avons recueillis dans le monde sur les qualificatifs donnés à l’illustre immortel Mandela Nelson. Pour son œuvre immense pour son pays et pour l’humanité, on se demande s’il ne fallait s’arrêter qu’aux éloges et hommages ou si ce n’est pas pour la planète tout entière le moment de saisir la balle au bond, l’opportunité de transformer en actes concrets la vision de paix et les valeurs que porte Madiba pour un monde apaisé, égalitaire et prospère.

Des hommages depuis l’Afrique du Sud à l’Afrique des Africains

L’œuvre et la ténacité de Mandela auront permis de sortir de l’apartheid par la réconciliation entamée entre les différentes composantes de la Nation, sur le plan juridique et politique. Cependant, beaucoup restent à faire et rien n’est définitivement gagné.

Des hommages couvrent et tarissent d’éloges l’Immortel Mandela. Certains sincères, d’autres peut-être diplomatiques viennent de partout. De l’Afrique du Nord à l’Afrique subsaharienne, au fin fond du Sud Afrique. On le chante, on parle en bien de lui, on dit qu’il est l’éclaireur, l’exemple même de la manière d’entraîner le peuple vers le progrès. Puis des déclarations de personnalités politiques et religieuses ou de chefs d’État inondent. On pouvait lire du Président sénégalais : « Aucun de notre temps ne s’est autant donné pour la cause de son peuple, de l’Afrique, pour le bien de l’humanité entière… Nelson Mandela a révélé en nous ce qu’un humain pouvait avoir de meilleur… ». Du journal “Sud Quotidien Sénégalais”, l’éditorialiste s’émeut : « On l’aimait parce qu’il était profondément bon. Il avait cette lucidité qui le rendait imperméable à l’insidieuse ivresse du pouvoir… militant éternel d’un ordre juste et humain… gouvernant détaché des faits du pouvoir et qui sut quand il fallut passer la main ». A travers ces quelques exemples d’extraits pris du seul État du Sénégal, on peut espérer que l’Afrique du Sud et l’Afrique tout entière doivent continuer le plus beau combat d’espoir lancé à la fin du 20ème siècle et que le devoir oblige à continuer. Car non seulement il apparait que Mandela incarnait la miséricorde et encourageait à ne pas céder à la haine. Sa vie de combattant infatigable devait servir de mémoire à consulter. Les dirigeants africains et intellectuels africains doivent s’approprier l’héritage laissé par cet émérite fédérateur. La disparition de Mandela ne doit pas faire oublier la lutte pour l’égalité, le choix du pardon et la lutte pour le progrès humain qui bannit toute discrimination et ségrégation. Les dirigeants africains honoreront la mémoire de cette figure universelle quand ils pourront éviter de confondre le pouvoir démocratique avec la chefferie traditionnelle. Les idéaux de liberté, de tolérance, de loyauté et de justice que pourfendait Mandela dans la non-violence contre toute forme d’oppression doivent les habiter pour ainsi suivre les traces indélébiles laissées par celui-là qui voulait du bien de tous, en précurseur du concept du tout-monde pour l’Afrique du Sud et le monde.

La planète tout entière lui rend de vibrants hommages

Une pluie de superlatifs élogieux est consacrée en hommage à l’Etre disparu.

François Hollande, le Président de la France, déclarait : « ... tout au long de sa vie, il s’est battu avec courage pour la justice et contre l’abjection de l’apartheid », et le Président de l’UDI, Jean-Louis Borloo, précisait : « Mandela, c’est le message universel qui parle à chacun de nous : gardez l’espoir ! gardons l’espoir ». Victorin Lurel, Ministre des Outre-mers : « Mandela aura été une lumière, un sémaphore universel guidant tous ceux qui, de par le monde, croient en une seule suprématie : celle des valeurs humanistes de liberté, d’égalité, de fraternité et de paix », et il poursuit : « Cette lumière ne s’est pas éteinte en ce 5 décembre 2013. Elle rayonne et rayonnera encore tant que sera honorée la mémoire de Nelson Mandela et que sera perpétué le souvenir du combat victorieux de sa vie ». Christiane Taubira, la Garde des Sceaux et Ministre de la Justice, signifiait : « Madiba est un rebelle, généreux et résolu, courtois et buté, cultivant l’ambition d’entendre à la fois la voix intérieure qui dit le chemin de l’intégrité et le chant du monde sous le vacarme des égoïstes, des insatiables voracités, des fureurs mégalomaniaques, des embardées de bons sentiments ». Mais tout ne pouvait se résumer sur ces bonnes déclarations .

D’illustres chefs d’État comme aux États-Unis, Barack Obama, le Président américain, le déclarait un homme « courageux, profondément bon » , puis de rajouter : « Grâce à sa farouche dignité et à sa volonté inébranlable de sacrifier sa propre liberté pour des autres, il a transformé l’Afrique du Sud et nous a tous émus ».

En Angleterre, la reine Elisabeth II a salué son action « sans relâche » pour « une Afrique du Sud pacifiée ».

L’ancien Président français Jacques Chirac voit en Mandela « un être d’exception qui s’en va, un de ceux qui nous font croire en l’Homme ».

Le Dalaï-Lama, le chef spirituel tibétain, trouve que « le meilleur hommage que nous pouvons lui rendre est de faire tout ce que nous pouvons pour contribuer au respect de l’unité de l’humanité et de travailler à la paix et à la réconciliation comme il l’a fait ».

Comme c’est bien affirmé par chacun des dirigeants politiques du monde, il ne leur reste plus qu’à lier le geste à la parole. Leurs bonnes intentions sorties des louanges peuvent se transformer dans la pratique, pourvu que les auteurs se rappellent de leur discours pour œuvrer dans la continuité de Mandela pour un monde juste et humaniste. Les guerres comme les discriminations peuvent être d’un autre temps, pourvu que la volonté de respecter la dignité humaine soit effective. Ces puissances donneuses d’ordres, bien intentionnées, doivent peut-être aussi se laisser influencer par le combat désintéressé pour l’égalité et la liberté.

Les morts ne sont pas morts

La mort de Mandela, à l’image de Gandhi ou de Martin Luther King, ne peut être vécue comme un deuil, ni un drame, parce que, justement, c’en est pas une, Mandela ne mourra jamais. Le poète africain Birago Diop a eu le plus raison lorsqu’il déclamait : « Les morts ne sont pas morts… ils sont dans la nature, dans la forêt, le vent, le feu… », ses vers incitent chacun à réfléchir au sens de la vie et de la mort. A croire que Mandela est là et sera toujours présent avec nous. Et ses combats qu’il laisse derrière nous dans ce monde ne resteront pas sans suite. L’Afrique tout entière, à commencer par ceux en première ligne, les Sud-Africains, doit constater toutes les forces à reprendre le flambeau pour se construire et entrainer dans leur marche les peuples à se construire sur la vision Mandela. Car sa vie restera une leçon politique et pleine d’humanité.

François Mitterrand prévenait déjà les incrédules : « Je ne vous quitterai pas… ».

C’est pour les uns comme pour les autres une nécessité de « transformer l’essai », car d’où il est et qu’importe où il sera, c’est lui, Mandela, qui nous regardera faire désormais et sera prêt à nous juger là-dessus. Dans les discours officiels prononcés ici et là, sur la planète, nul n’a contesté ses idéaux de paix, de justice et d’égalité, il va alors de soi que tout Être, d’où qu’il sorte et d’où qu’il se trouve dans la hiérarchie sociétale ou sur la planète, doit faire raviver et rayonner la lumière d’humanisme et de paix entretenue par Mandela. Ne pas le faire, c’est montrer dans l’incohérence de son discours son hypocrisie et une défiance aux valeurs que, jusqu’à la fin de sa vie, cet infatigable combattant défendait avec rectitude.

L’Europe doit entendre les hommages de ses représentants. Fleur Pellerin, ministre français qui argue : « … plus que jamais, porter haut cet idéal d’égalité et de fraternité que Mandela a toute sa vie incarnée ».

Nelson a révélé en nous ce qu’un humain pouvait avoir de meilleur. Il est donc temps que les dirigeants politiques africains s’engagent à éliminer les deux obstacles qui les empêchent d’aller de l’avant comme le souhaitait Madiba. A savoir la question du leadership et la gestion des ressources humaines puis les États et leurs chefs qui ne veulent pas céder une partie de leur souveraineté aux instances de l’Union africaine. C’est en raisonnant désormais en tant qu’Africains et non comme ressortissants d’un pays d’Afrique qu’ils mériteront l’héritage de la lutte contre le chômage et de la redistribution des terres et des richesses qui tenaient tant à cœur à Mandela.

Cette pluie d’éloges qui se poursuivra le dimanche 15 décembre 2013 ne peut être que de mots sans substance, les dirigeants et acteurs politico-économiques peuvent, en continuateurs de l’œuvre de Mandela, affirmer la volonté politique de donner aux populations un accès aux ressources et aux services qui leur sont indispensables. Alors, Madiba, d’où il sera continuera de les animer dans leurs efforts.

Bienvenu H. Diogo

Nelson Mandela

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