La France au Mali

30 janvier 2013

Nouvelle colonisation, ingérence, soutien aux peuples maliens, des mots qui créent des confusions dans la tête du citoyen de base, qui s’interroge sur le sens de la présence française une fois encore en Afrique.

Depuis quelques semaines, ça bouge au Mali. Les intégristes religieux assiègent les villes du Nord et ont la détermination de coloniser tout le territoire malien pour contrôler l’ensemble du pays et imposer leurs lois. A l’invitation du Mali, la France n’a pas tardé à aller prêter assistance à ce pays envahi dans ses frontières, dans le cadre de la résolution 2085 (2012) du Conseil de sécurité des Nations Unies.

Même si la France se retrouve le seul pays européen au front pour aider à combattre les rebelles, il est à saluer néanmoins son initiative de défendre les libertés des peuples. Dans le même temps, on peut déplorer l’absence des autres pays européens, qui sont aussi concernés par le problème des intégristes religieux djihadistes qui n’épargnent aucun pays occidental dans leur projet de destruction massive des civilisations. Se taire et ne rien faire peut se retourner contre ceux qui pensent encore que leur mutisme les protègerait de la folie des djihadistes.

Cet engagement des Français aux côtés des troupes africaines pour repousser les rebelles islamistes correspond à leurs idéaux de faire respecter les droits de l’Homme et du citoyen et de défendre contre toute attaque l’intégrité territoriale d’un pays. Cela fait partie des principes qui guident la France dans ses relations amicales et internationales. Mais en revanche, nous souhaiterons que ce qui fait son honneur et sa fierté conditionnera sa détermination à ne pas vouloir s’enliser dans le conflit. Nous espérons que le pays sera très vigilant pour ne pas implanter son armée au Mali une fois les poches de résistance démantelées et neutralisées.

Ce conflit fait ressortir de nombreux problèmes lointains existants et irrésolus comme la faible implication des hommes de la MISMA, ou celui de la plupart des armées africaines qui se sont proposées en renfort, mais qui souffrent de grosses carences. Des formations seront nécessaires pour l’armée malienne comme pour les autres contingents africains. L’espoir de Paris de passer le plus vite possible le relais aux Africains ne serait concrétisé que dans la rapidité des frappes pour anéantir l’ennemi et détruire ses munitions.

En outre, les inégalités de traitement des populations au sein d’un même territoire, qui sont mises au grand jour à travers la situation des Touaregs, méprisés et oubliés, offrent l’occasion à François Hollande de faire entendre la voix de la France après la guerre, pour exiger dans les relations avec ses partenaires africains le rétablissement des droits des citoyens et la bonne gouvernance, dont les défauts encouragent la naissance des groupes extrémistes.

Le Président doit aujourd’hui tirer les leçons des évènements pour contraindre ses partenaires africains à observer les droits de l’Homme, à lutter contre la corruption et à œuvrer pour la redistribution équitable des richesses, quels que soient les types de populations ou d’ethnies et que nul ne soit écarté. Telle doit être l’action qu’il doit désormais mener, profitant de sa neutralité ou de sa non-implication dans les arrangements contre-nature qui avaient prévalu quelques années auparavant entre la France et certains gouvernants peu recommandables.

C’est aussi l’occasion de profiter de son statut de Chef non corrompu, pour réclamer plus de démocratie et de liberté pour les peuples humiliés, oubliés, bafoués. Lorsque rien ne serait fait, alors il jetterait ses derniers dans les bras des extrémistes intégristes, qui n’ont qu’un seul souhait, exporter le djihad partout où ils peuvent exploiter la misère et le désespoir des défavorisés sociaux. Lorsque rien ne sera fait, la France comme toute l’Europe verront arriver à leur porte la guerre.

L’idée de la France d’intervenir au Mali est louable. Sa décision est nécessaire, comme il est de sa tradition de défendre les peuples opprimés, les États ou les territoires occupés. C’est en ce sens que son œuvre, la dernière dans ce cas, ne doit pas être conçue sur du paternalisme, nostalgique de colonisateur, mais au contraire pour la paix et sa sécurité. Ainsi insisterait-il dans ses relations avec ses partenaires africains à pratiquer la bonne gouvernance et à instaurer la démocratie et lutter contre le régionalisme et la corruption.

Bienvenu. H. Diogo

Mali

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