Le droit et le tordu dans une société à construire

11 juillet 2012

La loyauté, la fidélité, la confiance et l’altérité constituent les valeurs humaines encore recherchées pour construire une société de paix. Lorsque la droiture de l’esprit s’égare au profit de l’indignité, l’être devient tordu et perd toute considération. Dans bien des cas, dans nos relations amicales, sociales et professionnelles, la qualité d’une personne droite facilite le bien-vivre ensemble ou le partage des tâches.

Le droit dans les relations amicales

On considère que celui qui ne cherche qu’à être agréable à vivre avec les autres, qui ne recherche ni le profit, ni la gloire est droit par rapport à celui dont les faits, les gestes et les propos suscitent la méfiance et le soupçon. Dès lors qu’il s’écarte de la norme convenue socialement, on voit en lui, en ces manœuvres et manières irrégulières des moyens pour dominer et régner comme le ferait un roi dictateur. On se refuse à admettre le procédé qui parait comme une trahison. La société reconnait comme droit le juste par rapport à celui qui est dans le dévoiement et les travers. Un principe inviolable de l’amitié est la fidélité qui n’admet pas la trahison. Elle ne tolère pas la tromperie pour acquérir ou profiter illégalement du bien d’autrui dans la relation. Elle exige le secours et l’aide inconditionnée à l’autre dans l’amitié. Lorsque, trop préoccupé par les biens autres que les siens qu’il convoite et obtient par des moyens détournés, son ambition devient déloyale et il ne participe pas au maintien d’un lien amical indéfectible. L’ami qui trompe, qui prend tout pour son avantage abandonne de fait toute sa rectitude et se perd dans l’instabilité des spirituels égarés. Cette inconstance dans l’attachement aux principes relationnels lui fait perdre la confiance de ses pairs. L’incrédule fait sa réputation qui le rend désormais haïssable et infréquentable.

Le droit dans les relations professionnelles

L’exigence de solidarité professionnelle et interprofessionnelle est parfois battue en brèche au sein de nos unités de travail. L’unité des travailleurs est sollicitée pour faire échouer les tentatives de délocalisation des entreprises ces dernières années par certains dirigeants de grandes sociétés, pour faire du profit sur le dos de travailleurs des pays moins avancés. On ne peut s’étonner que le tordu se désolidarise de ses collègues pour soutenir le patron, et même lui servir d’espion pour ses intérêts particuliers. Le traitre s’écarte des aspirations communes des employés à tirer plaisir du travail productif. Il a plutôt le souci de sa poche et de son ventre qu’il perd l’honneur et la considération de ses collègues. Mais souvent, c’est sans compter sur le revers, à en croire Victor Hugo qui avertit : « Toujours la trahison trahit le traitre. Jamais une mauvaise action ne vous lâche. Sans rémission pour les coupables. Et le jour vient où les traites sont odieux, même à ceux qui profitent de la trahison ». Parfois, pour couvrir des bavures et protéger la corporation, on s’écarte des principes et conventions qui commandent certaines professions, on enfreint les règlements intérieurs pour protéger un collègue en faute pour que l’honneur d’une profession ne soit pas entaché. On sacrifie ainsi l’ordre au profit du désordre. Des fonctionnaires corrompus, censés faire appliquer le droit, s’en détournent en passant au-dessus. Pire, pour la protection des secrets d’État soi-disant, des fonctionnaires zélés n’hésitent pas à sacrifier la vie d’un otage. Ainsi, lorsque le politique se substitue au juridique, on tord le cou au droit.

La cohabitation impossible du juste et du tordu

Au moment où toute prière est faite pour appliquer les règles de bienséance au sein de la société, des irrécupérables choisissent d’enfreindre les lois. La droiture n’est pas leur fort, ils ne supportent pas les interdits, ils les violent. Ils manifestent un dégoût viscéral pour la chose établie. Ce refus du droit est mal perçu par ceux qui acceptent de se l’appliquer. L’obsession des buts sur les moyens fausse les normes juridiques sociales à observer pour le bien-être de tous. La recherche effrénée de gloire conduit des individus en mal de sensations à avoir des instincts pervers. Ces êtres égarés, par manque de repères dans leurs conduites, s’excluent socialement. Le dévoiement et la déviance caractérisent leur plus grand désir de paraitre les héros intouchables, comme s’il y avait quelque chose de maniaque en eux à feindre l’ordre et de pervers à violer la loi.
La droiture et la confiance reconnues en certains humains font d’eux la réputation d’amis honnêtes. Ceux à qui ces qualités font défaut sont des traites sans dignité. Paradoxalement, même ceux qui ne sont pas honnêtes dans leur vie quotidienne réclament aux autres la loyauté indéniable. La réputation d’honnêteté, la dignité, la respectabilité assoient la légitimité humaine et nous rendent crédibles dans nos fréquentations. A vrai dire, on se crée d’aisance dans les relations franches afin de s’éviter socialement des soucis de justice dans la vie. La droiture de l’esprit est la vertu que nous recherchons pour nous-mêmes et autour de nous, pour résister aux épreuves de la vie. Les travers d’un esprit tordu sont mal vécus par tous ceux qui sont pour une conduite sans détour et refusent la déviance. Le droit, all right, comme l’exigent les Anglais, ne plaisante pas avec l’abandon de la rectitude si chère aux défenseurs d’une société égalitaire. Toute entrave aux mœurs est perçue comme une insulte à toute communauté et à sa tradition qui considère que tout ce qui n’est pas droit semble être du domaine de la traitrise et du caractère de la duplicité.

Bienvenu H. Diogo


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