Les Réunionnais entre la tenue et la retenue : le nouvel an sans grands éclats

4 janvier 2012

Deux mots, retenue et tenue, résument le comportement de nos compatriotes qui avaient l’habitude de fêter à grande pompe le réveillon de la Saint Sylvestre et le premier jour de l’an. Mais cette fois-ci, la conjoncture économique n’a pas permis aux créoles de vraiment se sentir en fêtes.
Des fêtes qui se sont passées sans grandes résonnances. Juste deux week-ends sans fanfares, juste une manière de rester dans la tradition des festivités marquant la fin de l’année. Le temps d’espérer des années meilleures, si Dieu prête encore vie ! Le créole aurait voulu laisser libre court aux écarts. Mais la marge de manœuvre est bien étroite pour chacun et toute imprudence dans les dépenses pourrait devenir fatale pour le budget familial déjà en déséquilibre. Les créoles sursoient toute envie de voyage d’agrément, pire ils évacuent de leur tête toute idée de grande réjouissance, surtout ceux des petites et moyennes classes. Chacun s’est contenté du festin familial et des civilités entre amis.
Le réveillon s’en est d’ailleurs ressenti avec acuité. Après les grands mouvements enregistrés peu après minuit, plus rien de captivant ne pouvait attirer l’attention des créoles à mesure que s’avançaient les premières heures de l’année 2012. Les grandes rues des villes n’ont pas connu l’effervescence des fêtes auxquelles on était habitué les années précédentes. L’impact de la magie des fêtes n’y est plus. La crise économique s’en est passée. Pas aussi de grandes manifestations de réjouissances publiques. Au-delà des bruits de quelques sonos, de quelques feux d’artifice, de quelques pétards, l’ambiance familiale donnait quand même cet air festif. Ici et là, quelques groupes musicaux laissaient exprimer la joie des fêtes. De l’incontournable maloya à la musique moderne séga, le répertoire selon les goûts est exploré. Bien entendu, le dodo national et le rhum pays accompagnaient quelques bouteilles de champagnes. Tout était juste mais suffisant (la crise oblige). Quelques pas de danse esquissés, des gestes débridés, chacun essayait à sa manière d’ajouter plus de plaisir et de joie dans ces moments de réjouissances particulières. Seuls endroits d’ambiance, encore dignes du nom étaient les plages, où les jeunes adolescents se permettent encore quelques excès, parce que la rentrée est encore un peu loin. Et les parents entre amis ou accompagnés de la famille, ont pu donner un sens à la fête pour rendre moins morose ces festivités, par des pétards, véritables machines à produire le bruit par excellence. Des pétards qui, curieusement, ne sont plus la chose de simples adolescents en quête de sensations fortes, mais d’adultes qui y consacrent plus d’importants moyens. Des adultes qui malheureusement, contrairement aux jeunes encore en vacances, sont contraints, par une autre réalité. Un week-end trop court et une journée du lundi 2 janvier 2012, qui est un jour de reprise de travail pour les actifs.
Les fêtes de fin de l’année 2011 ont été commémorées dans l’île avec beaucoup de tenue et de retenue, avec l’appréhension des lendemains très incertains. Les Réunionnais ont festoyé dans la mesure et la raison, en freinant les élans, dans l’espoir de vivre 2012 comme l’année de toutes les joies et où toutes les lumières éclaireront pour chacun les chemins du Bonheur véritable.

Bienvenu. H. Diogo


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