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par le Dr Raymond Vergès

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Masse et consommation à La Réunion

mercredi 24 avril 2013

La puissance des imbrications économiques et politiques a fait perdre à la masse populaire réunionnaise une grande part de sa liberté de choix en matière de consommation. Les Réunionnais de la classe moyenne sont soumis à la dictature des médias qui conditionnent leur opinion, leurs choix et les incitent à consommer même quand l’envie n’y est pas. L’homme réunionnais vit des situations socio-économiques difficiles et précaires dans la mondialisation des échanges qui fait apparaitre ses faiblesses. On est fort inquiet de son avenir, s’il ne crée pas dès à présent les conditions pour résister à l’invasion de l’argent et du marché, s’il ne se réapproprie pas son identité pour s’affranchir de la dépendance des pouvoirs obscurs.

Pris dans l’engrenage d’un modèle de modernité qu’on lui vante au quotidien par le tapage médiatique, il ne vit et ne respire qu’avec l’envie de consommer tout ce qui lui est donné comme nouveauté. Il ne se soucie pas des limites d’un modèle de modernité envahissant, où tout est mis en œuvre pour faire oublier que la production et l’accumulation d’objets sont condamnées à être indéfiniment remplacées par d’autres. Il se laisse dicter son choix et succombe aux lois de la consommation. Des facilités d’accès à la consommation lui sont accordées pour l’inciter à dépenser sans réfléchir. Des cartes de fidélité, des cartes de prêts, des “réclames”, la publicité, une armada de moyens mis en place pour détourner son attention de tout, à tel point que même sans argent, conditionné, il veut tout consommer, pensant même que tout pouvait lui être offert gratuitement. Ce n’est qu’au moment de rembourser les prêts qu’il revient à la réalité. Le Réunionnais a cette « soif d’accumulation de biens » qui modifie complètement son mode de vie. Il devient esclave de la modernité et subit les dérives du système.

Le consommateur réunionnais ne succombera pas à la dictature du marché

L’homme réunionnais doit changer son comportement pour mieux orienter les siens en matière de consommation, s’il ne veut pas être le bon jouet des puissances du mal. Ce serait à son grand intérêt de penser à un changement radical dans son mode de consommation. Tout d’abord, le choix de la qualité contre la quantité apporterait plus de sens à sa gestion en dépense alimentaire que des courses faites à l’aveuglette, avec des charriots remplis de produits dont les qualités sont de plus en plus contestées. C’est en rejetant le superflu dans les achats qu’il garantirait pour lui et les siens une qualité de vie et s’assurera en longévité une qualité de vie. Les problèmes de surpoids, de diabète, de rupture d’anévrisme, de malnutrition ou autres, souvent soulevés ici et là, disparaitront pour une hygiène alimentaire saine, qui offrira une harmonie du corps et de la santé. La référence à des connaissances nécessaires et à la raison pour dominer les pulsions et évaluer ses propres capacités à renoncer aux dépenses inutiles fera acquérir des comportements autres que ceux de la culture de consommation irraisonnée, qui mettent en permanence dans l’inquiétude et dans l’état de fragilité.

Cet état de malaise existentiel qui induit des achats compulsifs est la résultante de troubles issus de l’ignorance et de l’insatisfaction personnelles. L’homme réunionnais peut donc accepter avec courage de refaire son éducation en transformant son mode de vie. Son choix de consommation doit aller à l’opposé de celui auquel conviennent au quotidien ses médias, qui font plus de la publicité qu’ils nous conseillent à la consommation raisonnée. Plutôt ils tentent de manipuler les masses que de participer à la formation de leur esprit critique.

Le Réunionnais moyen doit élever sa conscience du choix des produits à consommer, et en toute liberté, en cette période de crise économique. Sa volonté doit être déterminante pour fragiliser l’entreprise d’exploitation de certaines sociétés modernes qui procèdent du détournement de la vigilance citoyenne, pour faire de la consommation un instrument de domination et d’écrasement de l’humain. Manger à des heures régulières et consommer quand il le faut, et pas sous la pression de nos instincts, nous épargnerait de la tentation à consommer l’inutile. Le consommateur réunionnais doit en finir avec ces envies démesurées, disproportionnées, qui lui causent tort, pour véritablement se prendre en main. Le législateur réunionnais doit stopper la puissance de l’argent et du marché qui insuffle aux citoyens des envies démesurées et disproportionnelles, qui perturbent leur tranquillité, en renforçant les structures juridiques et législatives qui les protègeront.

Bienvenu H. Diogo


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