Quand l’illettrisme constitue un handicap pour notre développement économique

14 septembre 2011

Après avoir longtemps progressé, les performances de notre système éducatif stagnent depuis 1995. Notre économie nationale en souffre. Pourquoi et comment y remédier ? Telles sont les questions que se posent tous les citoyens.

Aujourd’hui, on s’aperçoit que le phénomène d’illettrisme dépasse le cadre scolaire. Les récentes données statistiques nationales sur la non-maîtrise des compétences de base en milieu professionnel sont tout aussi alarmantes que celles communiquées par les spécialistes de l’Éducation nationale. Les dernières études de l’INSEE sur les relations illettrisme-emploi en France laissent apparaître par ordre d’importance d’illettrés un nombre très important de salariés, auquel secondent les bénéficiaires de minima sociaux, puis enfin ceux qui sont au chômage. Une population âgée de 18 à 65 ans qui constitue un vivier de recrutement pour l’emploi, mais qui reste improductive pour l’avenir économique du pays. Si des actions urgentes énergiques ne sont pas entreprises, nous assisterons, à nos dépens, à une société inculte, sans le minimum de connaissances de base, incapable de relever par son travail le défi de l’économie nationale.

Vivre, satisfaire aux besoins fondamentaux humains et contribuer au développement économique deviendront à court terme impossibles, si les acteurs du recrutement, les directeurs des Ressources humaines, les représentants des collectivités locales et les responsables étatiques, de quelque niveau qu’ils descendent, ne font pas du crucial problème d’illettrisme une grande cause nationale. Aider à repérer les salariés illettrés et à mettre en place un vaste plan d’actions destinées à remettre à niveau ceux présentant des lacunes en lecture et en écriture devrait être leurs soucis. Car ce sont des milliers d’employés qui sont touchés. Ce frein aux savoirs de base, à la capacité de penser et d’analyser pour faire des propositions à l’avantage de l’entreprise, ou de réfléchir juste pour prendre aux bons moments des initiatives, conduit tout le pays à sa perte d’autonomie, voire à sa domination par les puissants.

Combattre l’illettrisme serait notre salut. On en parle beaucoup, mais peu d’actions concrètes efficaces sont engagées, on n’agit pas. Aujourd’hui, ce ne sont plus seulement les enfants d’immigrés qui sont concernés par le problème d’illettrisme, les nôtres sont tout aussi concernés. C’est pour cela que l’Éducation nationale doit revoir sa copie et mettre de façon permanente dans les Emplois du temps des établissements scolaires des enseignements spécifiques de renforcement des connaissances de base en lecture, en écriture et en calcul. Au lieu de dilapider les fonds, on pourrait recruter des enseignants spécifiquement pour assurer cette mission. Les retombées économiques seront sans commune mesure pour notre société. C’est encore mieux que les bricolages entrepris depuis peu, pour lesquelles les bilans restent discutables. Nous ne pourrons pas prétendre à nous hisser au rang de grande nation économique, quand ceux-là même qui font l’économie, les employés, ces salariés, ne sont pas en capacité de prendre d’initiative du fait d’illettrisme. Ne maîtrisant pas la lecture des consignes de travail, ne pouvant pas traduire les consignes ou chiffrer des données, cette main-d’œuvre disponible est handicapée, alors qu’il lui suffisait de maîtriser les compétences de bases pour qu’elle soit plus performante. Elle sera, de ce fait, en capacité de se servir des moyens modernes de production pour accroitre la productivité au sein de son unité de travail. A présent, tout le monde subit le contrecoup de la situation : l’employeur qui perd des parts de marché par la lenteur dans l’exécution des tâches et l’employé qui perd du temps à produire et qui est moins rétribué. Le manque d’ouvriers et de main-d’œuvre lettrés et compétents cause des torts à notre pays qui aspire au progrès et à être compétitif au plan mondial. Des quasi analphabètes, savamment entretenus dans l’ignorance, ne peuvent pas faire l’affaire. Seule une volonté des décideurs nationaux, des chefs d’entreprises, des responsables communaux et de Pôles Emploi peut relever le défi. Autant il est impérieux de donner goût et moyens de vivre à une population illettrée par le travail, autant les employeurs doivent veiller à lui assurer une maîtrise du socle commun de connaissances de base. De là, nous leur suggérons de mettre en place, soit au sein de leur entreprise, soit en accord avec les communes, des centres de remise à niveau qui dispenseront des connaissances spécifiquement adaptées aux besoins des travailleurs. Des possibilités d’obtention d’un certificat de fin de formation pourront être accordées aux participants pour encourager leurs efforts. Une autre voie explorable serait de déléguer des tuteurs dans les entreprises à peu d’effectifs, pour un accompagnement personnalisé des salariés qui présentent des difficultés de maîtrise du socle commun. Les formations auprès de la Chambre de commerce ou de l’AFPA, ou autres, devraient être encouragées pour ceux qui envisageraient des poursuites de carrière ou de spécialisation.

Pour que les prochaines journées de la JAPD, les recrutements de futurs stagiaires de l’AFPA ne soient plus un cauchemar national, et que l’illettré reprenne confiance en lui, donnons-nous les moyens, État, employeurs et collectivités locales. L’illettrisme est la plaie de notre économie. Combattons-le pour que la santé de notre économie soit saine.

Bienvenu H. Diogo


Signaler un contenu

Un message, un commentaire ?


Témoignages - 80e année


+ Lus